Les Eveilleurs

"Quand Claris lisait, elle n’avait pas l’impression de lire un livre. Mais de se lire à travers les livres.

C’était elle qu’elle découvrait en lisant.

Chaque personnage l’éveillait à une autre vie, chaque émotion à une palette nouvelle de sensations, chaque beauté du texte au désir d’écrire.

Claris sortait d’un livre incendiée, chavirée, noyée, envahie, enlevée.

Et ce feu, cette eau, cette terre, cet air la consumait parfois des jours durant. Des décades.

Jusqu’à ce qu’elle aussi parvienne à coucher sur le papier des mots, des phrases qui étaient comme l’écho de ces incendies.

C’est pour ça qu’elle écrivait. Pour se sentir incandescente, pour exister.

Quand elle lisait, elle alimentait la vie. Quand elle écrivait, elle était la vie.

Elle ne lisait pas avec son intelligence, mais avec sa passion et son ardeur, elle lisait avec tous ses sens. "

Les Éveilleurs, tome 5 (extrait)