Passages et citations
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Passages et citations
La beauté peut agir sur l'esprit comme la nourriture sur le corps. (p.32)
Non, ils ne renonceraient pas à lui montrer que, si la colère et le désespoir peuvent être de puissants moteurs, la joie et l'espérance le sont tout autant. (p.35)
Les Elémentaux voyagent parmi les mondes et traversent les dimensions comme les hommes les rues de leur village. Tels sont leur nature et leur pouvoir. Tels sont ceux des hommes également. Mais ils ne le savent pas... (p.36)
Elle posa ses mains sur les empreintes rouges, d'autres mains dessinées là des milliers de lunées auparavant par des hommes qui connaissaient le passage et en avaient ainsi marqué la porte.
Les Vifs, ceux de la Pierre et de la Terre – seuls ceux du Feu se tenaient encore à l'écart -, s'unirent pour la faire traverser. Avec elle, ils voyagèrent à travers la pierre, à travers la terre. De l'autre côté, ceux de l'Eau et de l'Air se tenaient prêts.
Au contact des mains peintes, la vision de la fille s'obscurcit. Des taches rouge et or dansèrent devant ses yeux, puis se dilatèrent à toute vitesse pour se fondre en une texture sombre et compacte qui pulsait une vie dense et infinie... Sous ses paupières fermées palpitaient d'infimes particules lumineuses qui se mirent à tournoyer de plus en plus vite :
(p.37)
Blaise laissa couler les larmes... Dans chaque goutte salée scintillait un souvenir du Duc... L'enfant brun, long et souple comme un roseau ouvrant grand ses yeux noirs devant sa première épée : plim ! L'adolescent intrépide vomissant après avoir embroché sa première victime répétant "Je déteste ça, Blaise, tuer... Mais, quand je me bats, je suis moi-même... Je voudrais ne pas être ça !" : plim ! La mâchoire carrée de l'homme serrée tel un étau sur sa peine quand sa femme, Sierra, avait disparu : plim ! Le sourire d'Eben lorsqu'il regardait ses enfants : plim ! Son enthousiasme lorsqu'il leur racontait des histoires tirées des vieux films des Temps d'Avant : plim ! Plim ! Plim ! Plim ! Les larmes se répandaient dans les mains en coupe du Mandarin... Par les oreilles de Yoda, je ne peux pas ! Je ne peux pas "laisser passer" Eben ! Je n'y arrive pas ! (p.45)
Fort d'une pratique de plus de cent lunées, le Mandarin savait que quelque part en lui gisait un havre de paix et d'harmonie où il pouvait puiser. Ce vide qui n'était pas vide mais au contraire source de conscience infinie... (p.46)
- Bahir... murmura-t-elle.
Ce n'était pas une question. Blaise lui prit la main, mais elle la retira et pivota pour se diriger vers la fenêtre. La rue était inchangée, la même lumière, les mêmes sons amortis par la neige. Le passé tremblait autour d'elle tandis que la vie suspendait son cours.
Si les souvenirs sont longs à décrire, pour Maya tout eut lieu simultanément : la certitude que Bahir n'était plus, l'odeur de la colle du cordonnier qui commençait à marteler ses souliers, la jeune Maya enjambant la fenêtre pour suivre son destin, le coeur battant la chamade... La fille de la voisine passa dans la rue sur le chemin du marché et lui fit un geste joyeux de la main. Machinalement, Maya répondit à son salut. Elle pensa : Tiens, Sirielle est rentrée. Elle a le sourire, sa mère doit aller mieux... Et puis : Bahir Bahir Bahir Bahir, comme une vrille.
Pendant un moment qui lui parut très long, la vie – cette femme de son âge qui lui souriait en se hâtant vers le jour qui commençait – et la mort – bahir – se côtoyèrent en un parallèle impossible. Puis ils se heurtèrent violemment et la réalité s'imposa. (p.58)
Les récits ont besoin de pauses, de respirations, de silences. Les récits, ainsi que les hommes, ont besoin de temps. (p.71)
Se préparer ? Comment se prépare-t-on à la mort de l'amour de sa vie ? A la mort tout court ? (p.75)
Maya... Nos chemins se séparent maintenant. C'est ainsi. Mais ce n'est qu'une pause. Je ne t'abandonne pas, mon amour t'accompagne à jamais. Tu dois vivre, ma douce. Vivre. Pleinement. Pour nos filles, notre famille, pour la grande famille des hommes. Et tu dois vivre pour toi. Tu as des choses à accomplir. Défais-toi de la tristesse et des regrets, ne leur permets pas d'avoir le dessus. J'ai aimé chaque instant que j'ai passé avec toi, chaque étoile que nous avons comptée, chaque enfant que nous avons eu ensemble.
Il eut un sourire éblouissant, qui se confondit avec la lumière qui émanait de lui et l'effaçait peu à peu.
- Maya, ceux qui s'aiment se retrouvent encore et toujours. L'amour que l'on donne et que l'on reçoit, c'est ce qui nous constitue et la seule chose que nous emportons. Et pour ça, je voyage paré ! Je suis où je dois être, ne t'inquiète pas. Nous ne sommes pas si loin l'un de l'autre. Nous ne sommes séparés que par un peu de matière, quelques étapes de conscience. Rien n'est seul, rien n'est oublié, rien n'est dépourvu de sens, rien n'est insignifiant et rien n'a d'importance. Je t'attendrai... (p.77)
Tu ne crois tout de même pas que nous sommes là où nous sommes par hasard ? (p.80)
Il est utile de revenir sur le passé, d'y réfléchir, de constater le chemin parcouru. Mais il doit rester à sa place : derrière. Et il faut regarder...
- Devant... (p.91)
Je n'ai jamais dit que c'était facile, ça, cette...douleur qui vient en vagues quand je m'y attends le moins. Mais je m'efforce de la laisser passer, de garder la tête hors de l'eau, de ne pas m'y attacher. (p.94)
Mais moi je suppose que les stimuli sont en nous, que nous n'avons pas besoin de drogue ni de croire en des pouvoirs extérieurs. Nous possédons en nous, dans notre corps et notre esprit, tout ce dont nous avons besoin. Et notre environnement extérieur, les autres humains, les animaux, les végétaux, les éléments, sont les stimuli extérieurs qui peuvent influer sur nos capacités. C'est en échangeant que nous grandissons. (p.103)
Tout est lié, Ugh. Les petites choses aux grandes choses, les insectes aux montagnes, les hommes aux hommes, les étoiles aux pierres... C'est une danse, un dessin, une...
- Symphonie ! (p.106)
J'ai toujours eu la sensation que le monde était davantage que ce qu'on me permettait de voir, que la vie était plus grande... (p.110)
Les Vifs circulent parmi les mondes et les rêves. Entre les rêves des enfants et les cauchemars de la fille, ils tissaient des ponts, des traits d'union. Unir, réunir, amplifier... Tels sont leur nature et leur pouvoir. (p.171)
Jour après jour, assise au creux d'un rocher surplombant l'eau, la fille contempla une petite crique où venait s'engouffrer l'océan. Les vagues vertes se précipitaient avec violence en pénétrant dans l'anse et explosaient, blanches, sur les rochers. Elles griffaient les parois, les léchaient, les contournaient, s'y accrochaient, s'y écorchaient. Toutes les stratégies étaient bonnes pour vaincre l'immobilité de la roche, son inébranlable solidité. Inlassablement, elles revenaient. Aucune gerbe n'était semblable à la précédente, aucune vague ne crénelait ou ne moussait comme la suivante.
Le premier jour, elle ne vit que des rochers bruns posés sur une mer bleue, opaque.
Le lendemain, elle discerna des ombres vertes dans une eau transparente et turquoise.
Le troisième jour, elle vit que les ombres étaient de la roche et du sable, en couches superposées.
Sur la masse sombre et compacte des rochers, elle vit alors flotter des lueurs, le reflet de l'eau sur le minéral. Puis elle distingua les taches rouges, jaunes et violettes des fleurs.
Les Elémentaux papillonnaient autour d'elle, soulevant une vague, exhalant le parfum d'une fleur, faisant étinceler le quartz d'une roche. Ils travaillaient sans répit pour ouvrir les portes de sa perception aux éléments.
La fille ne les voyait toujours pas et les mots la désertaient encore. Néanmoins, au bout d'une décade, lorsqu'elle regardait ce même coin de mer et de roche, elle percevait un univers illimité de formes et de couleurs, toujours le même et sans cesse renouvelé : la variété et le mouvement. L'éternité liquide sans cesse renouvelée, la différence dans la similitude, la répétition sans lassitude. Elle apprenait... (p.177)
Tu es chez toi partout. Tu es partout. (p.182)
Le rire est une arme puissante. Il dit : je suis plus fort que le désespoir, plus fort que tout. (p.183)
Ici. Ailleurs. Vous pouvez être partout. Votre cerveau est la porte. Vous n'avez pas besoin de lieux physiques pour passer. Mais certains lieux matériels, par leur qualité énergétiques, facilitent le passage. (p.192)
La fille ne pouvait plus se passer de ces promenades qu'elle faisait au lever et au coucher des soleils. Marcher seule, en silence, le long de la mer, s'hypnotisant dans le miroir des eaux. Ecouter l'océan, ses langueurs et ses fureurs. Se laisser parcourir par le mouvement incessant des nuages, le sifflement des yakous avant qu'ils trouent la nappe bleue et jaillissent, un poisson doré dans le bec. Elle arpentait la plage pendant des heures. Elle marchait droit devant, scrutant les coquillages et les cailloux qui émaillaient le sable.
Les premiers jours, elle ramassait tout. Coquillages ébréchés, rongés par la mer, aux formes biscornues. Elle en élut un qui semblait plus rare que les autres, un coquillage en spirale dont la partie inférieure s'élargissait comme une voile. Elle s'imposa une consigne : elle ne cessait de marcher que lorsqu'elle avait trouvé au moins un coquillage-voile. Au fil des promenades, elle en ramassa de plus en plus. Son œil exercé les distinguait parmi les autres. Elle comprit qu'elle voyait ce qu'elle cherchait.
Elle s'imposa alors une autre consigne : ne rien chercher, ne pas avoir de coquillage préétabli dans la tête, aucune image. Laisser ses yeux balayer la plage et cueillir ce vers quoi ils étaient attirés. Les découvertes la fascinaient. Il y avait une satisfaction à trouver ce que l'on cherche, un sentiment rassurant. Il y en avait une autre à trouver ce que l'on ne cherche pas. Un sentiment d'émerveillement. (p.200)
Eux [les enfants] ne croient pas que si l'on ne peut pas voir ni toucher quelque chose, cette chose n'existe pas. (p.217)
Apprendre. Evoluer. Harmoniser. Ne le savez-vous pas ? Vous contemplez leur création, leur travail, à chaque moment et dans tout ce qui vit : plantes, rivières, montagnes, animaux, dans le dessin d'une envolée d'oiseaux, d'un banc de poissons, les couleurs d'un papillon... Et vous contemplez la nôtre dans la danse des planètes, le rythmes des marées, l'ardeur des vents. (p.217)
Et ils furent dans l'harmonie atemporelle des astres au sein de la galaxie... Ils respirèrent au rythme puissant des quasars, s'éblouirent de la chute des météores, se perdirent dans l'amas constellé des nébuleuses. Ils nagèrent dans les couleurs impossibles des gaz et des poussières d'étoiles, dribblèrent les trous noirs, grisés d'éternité et de splendeur. (p.220)
Tout court en même temps. Ce que vous nommez passé, présent, futur sont des possibilités en mouvement, rien n'est figé. Le présent les contient toutes. C'est au présent qu'il faut s'intéresser. (p.224)
Le chevalier errait, perdu, dans une clairière enchantée. Epuisé, en colère, il donna un coup de pied à un arbre en disant :
- Vous ne pourriez pas vous bouger pour m'aider ? Au lieu de rester planté là sans rien faire ?
Et l'immortel contre lequel Blaise reposait répondit :
- Bouger ? Nous l'avons fait, ne t'en souviens-tu pas ? Nous nous sommes levés et nous avons marché sur Saroumane pour aider les hommes à vaincre le Mordor. Cela nous a-t-il valu plus de considération ? Non. Nous sommes retournés à la forêt et, aux yeux des hommes, nous sommes redevenus des arbres « plantés là ».
De nombreuses fois, nous avons essayé d'établir avec vous un vrai contact. Oh, nous avons eu de grands et merveilleux émissaires : Tolkien, Lewis Caroll, Stevenson, Crowley, Spielberg, Lucas, Fakhouri, Fontenelle, Fetjaine, Barker, Swift, Cameron, Mary Poppins, les frères Wachowsli, Kuschner, Balthazar Sot, Mine Dancre, Sérélène ! Et tant d'autres, parmi les artistes, musiciens, peintres, chorégraphes, danseurs, sculpteurs, scientifiques, philosophes... Même certains politiques !
Tous, chacun à sa manière, ont essayé de dire aux hommes qu'ils n'étaient pas seuls sur la planète, qu'ils étaient entourés d'êtres et de choses qui n'attendaient qu'un peu d'attention pour se manifester à eux. Certains ont passé du temps avec nous : Caroll quand il n'était qu'un petit garçon – et non une petite fille -, Swift aussi. Des dizaines de femmes et d'hommes de par le monde et les siècles ont essayé d'éveiller leurs semblables à une conscience plus ample. On les a rangés dans l'étagère des rêveurs, des fous, des artistes. Alors, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes pour nous protéger et survivre. Le lien entre vous et nous existe encore, mais il est si ténu, si fragile. Eveillez-vous ! Les arbres et les rochers, les loups et les insectes, les enfants et les fleuves peuvent vous enseigner des choses que vous n'imaginez même pas. Tu es toi-même le fruit d'un homme qui savait. Ne t'en souviens-tu pas ?
Blaise rêvait et il savait qu'il rêvait. Il connaissait ce chevalier, cette voix, ces noms. Tout en rêvant, Blaise s'émerveillait et s'étonnait de pouvoir s'émerveiller tout en rêvant... (p.268)
La nature est redevenue le lieu de mystères et de sortilèges, de foi et de terreur qu'elle était pour les hommes à l'aube des temps. La forêt est à nouveau le refuge des amants adultères et des proscrits, le repaire des brigands, le désert des ermites. Les océans sont à nouveau infranchissables, synonymes de liberté, d'aventures et de périls. Mais déjà on défriche et on abat les arbres pour construire des villages qui deviennent des bourgs, on construit des ponts pour franchir les cols. Déjà on a recommencé à oublier que la nature est aussi redevenue le domaine des fées et des sirènes, des dragons et des enchanteurs... (p.270)
Les Elémentaux, gardiens du règne du vivant, étaient en l'arbre comme ils sont en tout ce qui vit. Partout et en même temps. Tels sont leur pouvoir et leur nature. Tels sont ceux des hommes également. Mais ils l'ont oublié... (p.283)
Tu viderais toutes les fioles du monde, tu douterais encore. Vous inventez des clés, des gâteaux qui grandissent et des potions qui rapetissent, des portes parce que c'est trop effrayant de tout avoir à portée de main. Il suffit d'un petit pas de côté, d'un rêve éveillé. Tout est là. La magie n'est qu'une autre façon de se servir de son cerveau. (p.303)
Passé, présent et futur coexistent. Si le temps existait, il serait circulaire, pas linéaire. Ce qui a été, est et sera peut être arpenté par l'esprit en même temps. (p.314)
Non, ils ne renonceraient pas à lui montrer que, si la colère et le désespoir peuvent être de puissants moteurs, la joie et l'espérance le sont tout autant. (p.35)
Les Elémentaux voyagent parmi les mondes et traversent les dimensions comme les hommes les rues de leur village. Tels sont leur nature et leur pouvoir. Tels sont ceux des hommes également. Mais ils ne le savent pas... (p.36)
Elle posa ses mains sur les empreintes rouges, d'autres mains dessinées là des milliers de lunées auparavant par des hommes qui connaissaient le passage et en avaient ainsi marqué la porte.
Les Vifs, ceux de la Pierre et de la Terre – seuls ceux du Feu se tenaient encore à l'écart -, s'unirent pour la faire traverser. Avec elle, ils voyagèrent à travers la pierre, à travers la terre. De l'autre côté, ceux de l'Eau et de l'Air se tenaient prêts.
Au contact des mains peintes, la vision de la fille s'obscurcit. Des taches rouge et or dansèrent devant ses yeux, puis se dilatèrent à toute vitesse pour se fondre en une texture sombre et compacte qui pulsait une vie dense et infinie... Sous ses paupières fermées palpitaient d'infimes particules lumineuses qui se mirent à tournoyer de plus en plus vite :
pierre
couche et strates
solidité
froid planté dans la terre
terre
sombre et meuble
changement
continuité
couche et strates
solidité
froid planté dans la terre
terre
sombre et meuble
changement
continuité
(p.37)
Blaise laissa couler les larmes... Dans chaque goutte salée scintillait un souvenir du Duc... L'enfant brun, long et souple comme un roseau ouvrant grand ses yeux noirs devant sa première épée : plim ! L'adolescent intrépide vomissant après avoir embroché sa première victime répétant "Je déteste ça, Blaise, tuer... Mais, quand je me bats, je suis moi-même... Je voudrais ne pas être ça !" : plim ! La mâchoire carrée de l'homme serrée tel un étau sur sa peine quand sa femme, Sierra, avait disparu : plim ! Le sourire d'Eben lorsqu'il regardait ses enfants : plim ! Son enthousiasme lorsqu'il leur racontait des histoires tirées des vieux films des Temps d'Avant : plim ! Plim ! Plim ! Plim ! Les larmes se répandaient dans les mains en coupe du Mandarin... Par les oreilles de Yoda, je ne peux pas ! Je ne peux pas "laisser passer" Eben ! Je n'y arrive pas ! (p.45)
Fort d'une pratique de plus de cent lunées, le Mandarin savait que quelque part en lui gisait un havre de paix et d'harmonie où il pouvait puiser. Ce vide qui n'était pas vide mais au contraire source de conscience infinie... (p.46)
- Bahir... murmura-t-elle.
Ce n'était pas une question. Blaise lui prit la main, mais elle la retira et pivota pour se diriger vers la fenêtre. La rue était inchangée, la même lumière, les mêmes sons amortis par la neige. Le passé tremblait autour d'elle tandis que la vie suspendait son cours.
Si les souvenirs sont longs à décrire, pour Maya tout eut lieu simultanément : la certitude que Bahir n'était plus, l'odeur de la colle du cordonnier qui commençait à marteler ses souliers, la jeune Maya enjambant la fenêtre pour suivre son destin, le coeur battant la chamade... La fille de la voisine passa dans la rue sur le chemin du marché et lui fit un geste joyeux de la main. Machinalement, Maya répondit à son salut. Elle pensa : Tiens, Sirielle est rentrée. Elle a le sourire, sa mère doit aller mieux... Et puis : Bahir Bahir Bahir Bahir, comme une vrille.
Pendant un moment qui lui parut très long, la vie – cette femme de son âge qui lui souriait en se hâtant vers le jour qui commençait – et la mort – bahir – se côtoyèrent en un parallèle impossible. Puis ils se heurtèrent violemment et la réalité s'imposa. (p.58)
Les récits ont besoin de pauses, de respirations, de silences. Les récits, ainsi que les hommes, ont besoin de temps. (p.71)
Se préparer ? Comment se prépare-t-on à la mort de l'amour de sa vie ? A la mort tout court ? (p.75)
Maya... Nos chemins se séparent maintenant. C'est ainsi. Mais ce n'est qu'une pause. Je ne t'abandonne pas, mon amour t'accompagne à jamais. Tu dois vivre, ma douce. Vivre. Pleinement. Pour nos filles, notre famille, pour la grande famille des hommes. Et tu dois vivre pour toi. Tu as des choses à accomplir. Défais-toi de la tristesse et des regrets, ne leur permets pas d'avoir le dessus. J'ai aimé chaque instant que j'ai passé avec toi, chaque étoile que nous avons comptée, chaque enfant que nous avons eu ensemble.
Il eut un sourire éblouissant, qui se confondit avec la lumière qui émanait de lui et l'effaçait peu à peu.
- Maya, ceux qui s'aiment se retrouvent encore et toujours. L'amour que l'on donne et que l'on reçoit, c'est ce qui nous constitue et la seule chose que nous emportons. Et pour ça, je voyage paré ! Je suis où je dois être, ne t'inquiète pas. Nous ne sommes pas si loin l'un de l'autre. Nous ne sommes séparés que par un peu de matière, quelques étapes de conscience. Rien n'est seul, rien n'est oublié, rien n'est dépourvu de sens, rien n'est insignifiant et rien n'a d'importance. Je t'attendrai... (p.77)
Tu ne crois tout de même pas que nous sommes là où nous sommes par hasard ? (p.80)
Il est utile de revenir sur le passé, d'y réfléchir, de constater le chemin parcouru. Mais il doit rester à sa place : derrière. Et il faut regarder...
- Devant... (p.91)
Je n'ai jamais dit que c'était facile, ça, cette...douleur qui vient en vagues quand je m'y attends le moins. Mais je m'efforce de la laisser passer, de garder la tête hors de l'eau, de ne pas m'y attacher. (p.94)
Mais moi je suppose que les stimuli sont en nous, que nous n'avons pas besoin de drogue ni de croire en des pouvoirs extérieurs. Nous possédons en nous, dans notre corps et notre esprit, tout ce dont nous avons besoin. Et notre environnement extérieur, les autres humains, les animaux, les végétaux, les éléments, sont les stimuli extérieurs qui peuvent influer sur nos capacités. C'est en échangeant que nous grandissons. (p.103)
Tout est lié, Ugh. Les petites choses aux grandes choses, les insectes aux montagnes, les hommes aux hommes, les étoiles aux pierres... C'est une danse, un dessin, une...
- Symphonie ! (p.106)
J'ai toujours eu la sensation que le monde était davantage que ce qu'on me permettait de voir, que la vie était plus grande... (p.110)
Les Vifs circulent parmi les mondes et les rêves. Entre les rêves des enfants et les cauchemars de la fille, ils tissaient des ponts, des traits d'union. Unir, réunir, amplifier... Tels sont leur nature et leur pouvoir. (p.171)
Jour après jour, assise au creux d'un rocher surplombant l'eau, la fille contempla une petite crique où venait s'engouffrer l'océan. Les vagues vertes se précipitaient avec violence en pénétrant dans l'anse et explosaient, blanches, sur les rochers. Elles griffaient les parois, les léchaient, les contournaient, s'y accrochaient, s'y écorchaient. Toutes les stratégies étaient bonnes pour vaincre l'immobilité de la roche, son inébranlable solidité. Inlassablement, elles revenaient. Aucune gerbe n'était semblable à la précédente, aucune vague ne crénelait ou ne moussait comme la suivante.
Le premier jour, elle ne vit que des rochers bruns posés sur une mer bleue, opaque.
Le lendemain, elle discerna des ombres vertes dans une eau transparente et turquoise.
Le troisième jour, elle vit que les ombres étaient de la roche et du sable, en couches superposées.
Sur la masse sombre et compacte des rochers, elle vit alors flotter des lueurs, le reflet de l'eau sur le minéral. Puis elle distingua les taches rouges, jaunes et violettes des fleurs.
Les Elémentaux papillonnaient autour d'elle, soulevant une vague, exhalant le parfum d'une fleur, faisant étinceler le quartz d'une roche. Ils travaillaient sans répit pour ouvrir les portes de sa perception aux éléments.
La fille ne les voyait toujours pas et les mots la désertaient encore. Néanmoins, au bout d'une décade, lorsqu'elle regardait ce même coin de mer et de roche, elle percevait un univers illimité de formes et de couleurs, toujours le même et sans cesse renouvelé : la variété et le mouvement. L'éternité liquide sans cesse renouvelée, la différence dans la similitude, la répétition sans lassitude. Elle apprenait... (p.177)
Tu es chez toi partout. Tu es partout. (p.182)
Le rire est une arme puissante. Il dit : je suis plus fort que le désespoir, plus fort que tout. (p.183)
Ici. Ailleurs. Vous pouvez être partout. Votre cerveau est la porte. Vous n'avez pas besoin de lieux physiques pour passer. Mais certains lieux matériels, par leur qualité énergétiques, facilitent le passage. (p.192)
La fille ne pouvait plus se passer de ces promenades qu'elle faisait au lever et au coucher des soleils. Marcher seule, en silence, le long de la mer, s'hypnotisant dans le miroir des eaux. Ecouter l'océan, ses langueurs et ses fureurs. Se laisser parcourir par le mouvement incessant des nuages, le sifflement des yakous avant qu'ils trouent la nappe bleue et jaillissent, un poisson doré dans le bec. Elle arpentait la plage pendant des heures. Elle marchait droit devant, scrutant les coquillages et les cailloux qui émaillaient le sable.
Les premiers jours, elle ramassait tout. Coquillages ébréchés, rongés par la mer, aux formes biscornues. Elle en élut un qui semblait plus rare que les autres, un coquillage en spirale dont la partie inférieure s'élargissait comme une voile. Elle s'imposa une consigne : elle ne cessait de marcher que lorsqu'elle avait trouvé au moins un coquillage-voile. Au fil des promenades, elle en ramassa de plus en plus. Son œil exercé les distinguait parmi les autres. Elle comprit qu'elle voyait ce qu'elle cherchait.
Elle s'imposa alors une autre consigne : ne rien chercher, ne pas avoir de coquillage préétabli dans la tête, aucune image. Laisser ses yeux balayer la plage et cueillir ce vers quoi ils étaient attirés. Les découvertes la fascinaient. Il y avait une satisfaction à trouver ce que l'on cherche, un sentiment rassurant. Il y en avait une autre à trouver ce que l'on ne cherche pas. Un sentiment d'émerveillement. (p.200)
Eux [les enfants] ne croient pas que si l'on ne peut pas voir ni toucher quelque chose, cette chose n'existe pas. (p.217)
Apprendre. Evoluer. Harmoniser. Ne le savez-vous pas ? Vous contemplez leur création, leur travail, à chaque moment et dans tout ce qui vit : plantes, rivières, montagnes, animaux, dans le dessin d'une envolée d'oiseaux, d'un banc de poissons, les couleurs d'un papillon... Et vous contemplez la nôtre dans la danse des planètes, le rythmes des marées, l'ardeur des vents. (p.217)
Et ils furent dans l'harmonie atemporelle des astres au sein de la galaxie... Ils respirèrent au rythme puissant des quasars, s'éblouirent de la chute des météores, se perdirent dans l'amas constellé des nébuleuses. Ils nagèrent dans les couleurs impossibles des gaz et des poussières d'étoiles, dribblèrent les trous noirs, grisés d'éternité et de splendeur. (p.220)
Tout court en même temps. Ce que vous nommez passé, présent, futur sont des possibilités en mouvement, rien n'est figé. Le présent les contient toutes. C'est au présent qu'il faut s'intéresser. (p.224)
Le chevalier errait, perdu, dans une clairière enchantée. Epuisé, en colère, il donna un coup de pied à un arbre en disant :
- Vous ne pourriez pas vous bouger pour m'aider ? Au lieu de rester planté là sans rien faire ?
Et l'immortel contre lequel Blaise reposait répondit :
- Bouger ? Nous l'avons fait, ne t'en souviens-tu pas ? Nous nous sommes levés et nous avons marché sur Saroumane pour aider les hommes à vaincre le Mordor. Cela nous a-t-il valu plus de considération ? Non. Nous sommes retournés à la forêt et, aux yeux des hommes, nous sommes redevenus des arbres « plantés là ».
De nombreuses fois, nous avons essayé d'établir avec vous un vrai contact. Oh, nous avons eu de grands et merveilleux émissaires : Tolkien, Lewis Caroll, Stevenson, Crowley, Spielberg, Lucas, Fakhouri, Fontenelle, Fetjaine, Barker, Swift, Cameron, Mary Poppins, les frères Wachowsli, Kuschner, Balthazar Sot, Mine Dancre, Sérélène ! Et tant d'autres, parmi les artistes, musiciens, peintres, chorégraphes, danseurs, sculpteurs, scientifiques, philosophes... Même certains politiques !
Tous, chacun à sa manière, ont essayé de dire aux hommes qu'ils n'étaient pas seuls sur la planète, qu'ils étaient entourés d'êtres et de choses qui n'attendaient qu'un peu d'attention pour se manifester à eux. Certains ont passé du temps avec nous : Caroll quand il n'était qu'un petit garçon – et non une petite fille -, Swift aussi. Des dizaines de femmes et d'hommes de par le monde et les siècles ont essayé d'éveiller leurs semblables à une conscience plus ample. On les a rangés dans l'étagère des rêveurs, des fous, des artistes. Alors, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes pour nous protéger et survivre. Le lien entre vous et nous existe encore, mais il est si ténu, si fragile. Eveillez-vous ! Les arbres et les rochers, les loups et les insectes, les enfants et les fleuves peuvent vous enseigner des choses que vous n'imaginez même pas. Tu es toi-même le fruit d'un homme qui savait. Ne t'en souviens-tu pas ?
Blaise rêvait et il savait qu'il rêvait. Il connaissait ce chevalier, cette voix, ces noms. Tout en rêvant, Blaise s'émerveillait et s'étonnait de pouvoir s'émerveiller tout en rêvant... (p.268)
La nature est redevenue le lieu de mystères et de sortilèges, de foi et de terreur qu'elle était pour les hommes à l'aube des temps. La forêt est à nouveau le refuge des amants adultères et des proscrits, le repaire des brigands, le désert des ermites. Les océans sont à nouveau infranchissables, synonymes de liberté, d'aventures et de périls. Mais déjà on défriche et on abat les arbres pour construire des villages qui deviennent des bourgs, on construit des ponts pour franchir les cols. Déjà on a recommencé à oublier que la nature est aussi redevenue le domaine des fées et des sirènes, des dragons et des enchanteurs... (p.270)
Les Elémentaux, gardiens du règne du vivant, étaient en l'arbre comme ils sont en tout ce qui vit. Partout et en même temps. Tels sont leur pouvoir et leur nature. Tels sont ceux des hommes également. Mais ils l'ont oublié... (p.283)
Tu viderais toutes les fioles du monde, tu douterais encore. Vous inventez des clés, des gâteaux qui grandissent et des potions qui rapetissent, des portes parce que c'est trop effrayant de tout avoir à portée de main. Il suffit d'un petit pas de côté, d'un rêve éveillé. Tout est là. La magie n'est qu'une autre façon de se servir de son cerveau. (p.303)
Passé, présent et futur coexistent. Si le temps existait, il serait circulaire, pas linéaire. Ce qui a été, est et sera peut être arpenté par l'esprit en même temps. (p.314)
Ipiu- Admin
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/06/2012
Age : 39
Localisation : Gwendalavir
Re: Passages et citations
Merci pour ces passages.
Mes yeux ont déjà glissés sur ces mots mais j'ai pourtant l'impression que c'est la première fois. Je redécouvre et réapprend le livre, les personnages... On se souvient vraiment, en attendant une prochaine relecture.
"Rien n'est seul, rien n'est oublié, rien n'est dépourvu de sens, rien n'est insignifiant et rien n'a d'importance. Je t'attendrai..."
Ce passage est sur la première (ou dernière, sachant que je les commence à l'envers) page de mon troisième cahier. Il prend la première page à défaut des millions de cœurs, de consciences, qu'on pourrait remplir avec ces simples mots.
Mes yeux ont déjà glissés sur ces mots mais j'ai pourtant l'impression que c'est la première fois. Je redécouvre et réapprend le livre, les personnages... On se souvient vraiment, en attendant une prochaine relecture.
"Rien n'est seul, rien n'est oublié, rien n'est dépourvu de sens, rien n'est insignifiant et rien n'a d'importance. Je t'attendrai..."
Ce passage est sur la première (ou dernière, sachant que je les commence à l'envers) page de mon troisième cahier. Il prend la première page à défaut des millions de cœurs, de consciences, qu'on pourrait remplir avec ces simples mots.
Laurelaï- Empathe initié
- Messages : 415
Date d'inscription : 10/10/2012
Age : 25
Localisation : Entre mes Mondes.
Re: Passages et citations
Laurelaï...
Je sais que j'ai déjà mis beaucoup de passages (je n'ai pas pu m'empêcher ^^), mais n'hésitez surtout pas à en ajouter d'autres ou même à en remettre certains pour nous dire quels sont vos préférés !
Je sais que j'ai déjà mis beaucoup de passages (je n'ai pas pu m'empêcher ^^), mais n'hésitez surtout pas à en ajouter d'autres ou même à en remettre certains pour nous dire quels sont vos préférés !
Ipiu- Admin
- Messages : 1552
Date d'inscription : 06/06/2012
Age : 39
Localisation : Gwendalavir
Re: Passages et citations
Si je le relis encore cet été je le ferais ♥
L'an dernier quand je l'ai relu c'était en une journée je vais peut être me retenter un marathon cette année ahahah on s'organisera un truc ?
L'an dernier quand je l'ai relu c'était en une journée je vais peut être me retenter un marathon cette année ahahah on s'organisera un truc ?
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