Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
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Chinmoku
Misuto
Laurelaï
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Melwenn
-Ellana-
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Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Et vive les titres à rallonge...
Je promets de passer souvent après la fin définitive du bac (demain, spé maths). En attendant, question hypothétique :
Vous êtes dans un cours de philo, avec Mme M. Vous sentez étouffé par sa stupidité confondante, la stupidité évidente de votre classe, et l'ennui mortel qui pèse sur la salle commeune chape de plomb (déjà trop vu) une ombre imaginocide (oui c'est un néologisme). Qu faites-vous ?
Vous prenez votre carnet (le mien c'est actuellement le Cahier Vert, dit aussi parfois Cahier Irlandais, pour le différencier de l'avant-dernier, qui s'appelait aussi Cahier Vert, mais qui venait de Thaïlande). Votre stylo. A vous la liberté !
D'écrire quoi ? Moi, c'est un peu tout et n'importe quoi : poèmes, jeux, codes, résumé d'une grande saga, la première histoire de la grande saga, textes quand c'est trop intenable... Et histoires plus courtes. Plus sympas.
Dont celle-ci. J'y ai passé au moins quatre heures de philo et j'évitais de regarder la prof parce que ça me faisait glousser.
(Pour la petite histoire : on en a bouffé du Kant. Record : l'art, on avait un texte de lui par problématique, soit 4 dans le chapitre ! Et ma prof l'aime. J'ai vraiment un ami qui a toujours un livre de Nietzsche dans son sac d'école, un texte sur la philo m'obligeait à lui faire un clin d’œil. Et ma prof s'appelle vraiment Emmanuelle, je m'en suis rendue compte en écrivant, et je ne pouvait pas laisser passer ça ... Trop bon !)
Je promets de passer souvent après la fin définitive du bac (demain, spé maths). En attendant, question hypothétique :
Vous êtes dans un cours de philo, avec Mme M. Vous sentez étouffé par sa stupidité confondante, la stupidité évidente de votre classe, et l'ennui mortel qui pèse sur la salle comme
Vous prenez votre carnet (le mien c'est actuellement le Cahier Vert, dit aussi parfois Cahier Irlandais, pour le différencier de l'avant-dernier, qui s'appelait aussi Cahier Vert, mais qui venait de Thaïlande). Votre stylo. A vous la liberté !
D'écrire quoi ? Moi, c'est un peu tout et n'importe quoi : poèmes, jeux, codes, résumé d'une grande saga, la première histoire de la grande saga, textes quand c'est trop intenable... Et histoires plus courtes. Plus sympas.
Dont celle-ci. J'y ai passé au moins quatre heures de philo et j'évitais de regarder la prof parce que ça me faisait glousser.
- La messe noire:
- -... qui consiste à déduire Dieu, de finalement...
Les paroles de la prof de philo sont noyées par le brouhaha ambiant. Ca vient de sonner, les chaises raclent le sol, la classe se lève comme un seul être.
Pour une fois, la prof ne semble pas s'en offusquer. Elle s'empresse de ranger ses affaires. Moi, je ne suis pas si pressée. J'ai encore une heure avant d'aller à l'auto-école. Et si j'osais... Prendre le risque d'une aventure ?
La prof sort de la salle. Je fait semblant de pianoter sur mon portable dans le couloir et je lui emboîte le pas.
Elle ne se méfie de rien et semble très guillerette. Elle ne peut pas être amoureuse, elle est mariée. Alors ?
Nous descendons au rez-de-chaussée. Il y a beaucoup^de monde dans le hall. La prof passe devant les casiers et entre dans les toilettes des professeurs. Je récupère ce dont j’ai besoin au casier, puis j’attends. Cinq minutes. Dix minutes. N’y tenant plus, je quitte mon coin et j’entrouvre la porte.
Personne.
J’entre. Il n’y a vraiment personne. Je n’ai jamais été dans les toilettes des professeurs. Dans une des deux cabines, un carreau du sol semble descellé. Je tire dessus sans trop y croire. C’est un pan entier du carrelage qui se soulève, révélant un escalier sombre. Un passage secret !
Contenant mon excitation, je descends prudemment. Un e silhouette encapuchonnée se trouve loin devant moi. Je la suis. Au bout de quelques minutes de marche dans cette galerie sombre, elle s’arrête. Je me plaque contre le mur et je tends l’oreille.
- Mot de passe ?
- Cette idée d’un Souverain moral de l’Univers est une tâche de notre raison pratique.
Une porte s’ouvre puis se referme.
J’attends encore un peu. N’y tenant plus, j’avance de quelques pas et je regarde par le trou de la serrure de cette porte qui m’intrigue tant.
Un spectacle incroyable s’offre à mes yeux. Dix personnes se tiennent agenouillées sur les tables d’une salle de classe. Elle portent des robes et des capuches qui font penser au Klu-Klux-Klan (Kèkeïkèï pour les intimes).
Le rétroprojecteur diffuse sur le tableau blanc une énorme image. C’est celle d’un homme avec une veste bleu marine et une lavallière blanche, ainsi qu’une perruque de la même couleur, qui regarde vers la gauche. Je reconnais immédiatement Kant, dont la trogne est disséminée un peu partout dans mon livre de philo.
Les encapuchonnés, je les soupçonne d’être les profs de philo des deux lycées de la ville. Ils marmonnent :
- Donc, si on ne définit le mensonge que comme la déclaration (faite à autrui) qu’on sait n’être pas vraie, il n’est pas besoin d’y ajouter qu’il doive nuire à autrui, comme les juristes l’exigent de leur définition (mendacium est falsiloquium in praejudicium alterius). Car le mensonge nuit toujours à autrui : même s’il ne nuit pas à un autre homme, il nuit à l’humanité en général et rend vaine la source du droit.
- Amen.
Une silhouette monte sur le bureau. A sa voir perçante, je reconnais Mme M.
- Frères ! s’écrie-t-elle. Nous sommes ici pour célébrer à nouveau notre foi envers le sauveur de nos âmes, celui dont le prénom est si bien choisi, Emmanuel Kant.
Elle semblait fière de cet état de fait. Il faut dire que son prénom à elle est Emmanuelle.
- Amen.
- C’est en lisant ses textes que nous parviendrons à un état de bonheur moral.
- Amen.
Elle lève le poing en l’air et crie :
- Pour la gloire de la philosophie kantienne !
- Amen !
- Pour le Savoir !
- Amen !
- Pour sauver les âmes de nos pauvres petits élèves ignorants et asservis par le diabolique Internet !
- Amen !
- Oui ! Mes frères, nous instaurerons un nouvel ordre, une nouvelle société. Un monde où chacun aura son exemplaire de la Critique de la Raison pure !
A ce nom, les profs se sont inclinés. Mme M est déchaînée.
- Un monde gouverné par la pensée du Bienheureux, du Moraliste, de notre Dieu, KANT !
- Yes we Kant ! Yes we Kant ! Yes we Kant !
- Nous accueillons Frère Kantismylife, qui va nous parler des explications de texte des TS3 sur une extrait de Anthropologie du point de vue pragmatique.
- Merci, Sœur Kantistmeinenleben.
D’après son accent libanais, Frère Kantismylife est de toute évidence M. F, mon prof d’ECJS. La légende raconte qu’il aurait crié « Sodomie ! » devant une classe de terminale S médusée et affreusement gênée.
- Frères, c’est une terrible catastrophe. Le Merveilleux, Génial, Suprême philosophe échappe totalement aux élèves ! Voici quelques phrases que j’ai pu relever : « Kant dit que la vérité c’est nul de le dire au autres qan ils peuve pas comprendre »
- Blasphème ! cria quelqu’un.
- Chut, Sœur Où-Kant-Comment !
- « Kant ècrivai D sénario pour la TV avec D filles a gros sins » !
Un énorme bruit se fait entendre. Captivée, je m’approche encore. Frère French-Kant-Kant s’est évanoui dans la salle.
- Ce n’est pas le pire ! s’époumone Frère Kantismylife. J’ai une élève en ECJS, Sinead M…
- Je l’ai, intervient Sœur Kantistmeinenleben. Elle a de bonnes notes, mais elle passe ses heures de cours à écrire dans un cahier. Aucun respect…
- Laissez-moi finir. Elle m’a dit quelque chose d’épouvantable pour notre Penseur Bien-Aimé.
- Pitié ! gémit Frère French Kant-Kant, qu’on avait ranimé entre-temps.
- Courage, frère. Elle m’a affirmé qu’elle avait un ami qui… qui…
L’indignation le faisait bégayer, rendant son accent encore plus difficile à comprendre.
- … qui a toujours un livre de Nietzsche dans son sac d’école !
- Ooooooh ! s’indignèrent les profs.
- Je le savais ! Je le savais ! hurle soudain une prof que je ne connais pas. Ils sont partout ! Les adorateurs du Diable ! Ils sont en train d’envahir le monde appuyé par le Mal, l’esprit de Nietzsche !
- Calmez-vous, Sœur I-love-Kant-and-I-want-his-body, dit Mme M, agacée. On en a déjà parlé. Il ne faut pas dramatiser. L’âme de ce pauvre petit est perdue, mais nous pouvons encore en sauver. Frères, prêtons le Serment.
Les professeurs levèrent la main dans un froufrou de robes violettes.
- Nous aimons Kant. Nous jurons que nous ferons tout notre possible pour honorer ses préceptes et les inculquer à nos élèves. Et le Penseur nous accueillera au Paradis. Nous le jurons !
- Amen.
C’est mon fou rire qui m’a trahie.
(Pour la petite histoire : on en a bouffé du Kant. Record : l'art, on avait un texte de lui par problématique, soit 4 dans le chapitre ! Et ma prof l'aime. J'ai vraiment un ami qui a toujours un livre de Nietzsche dans son sac d'école, un texte sur la philo m'obligeait à lui faire un clin d’œil. Et ma prof s'appelle vraiment Emmanuelle, je m'en suis rendue compte en écrivant, et je ne pouvait pas laisser passer ça ... Trop bon !)
Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
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Ajezfnjqbejkrgbmernmjo !Sinead a écrit:Yes we Kant ! Yes we Kant ! Yes we Kant !
Et puis les noms des moines... aaah !
En plus c'est super agréable à lire, wouah quoi ! J'ai hâte de voir plus de euh... "chroniques de la salle de philo".
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
T'avais fumé quoi avant? x)
C'était bien marrant en tout cas! Et pour en avoir bouffé aussi du Kant, je comprend ta lassitude et ton pétage de plomb!
Par contre j'ai beau essayer de le décortiquer j'arrive pas à trouver le jeu de mot dans "Kantistmeinenleben"...
Et sinon je me demande ce que ta prof penserait de....ça!
http://vimeo.com/3333031
C'était bien marrant en tout cas! Et pour en avoir bouffé aussi du Kant, je comprend ta lassitude et ton pétage de plomb!
Par contre j'ai beau essayer de le décortiquer j'arrive pas à trouver le jeu de mot dans "Kantistmeinenleben"...
Et sinon je me demande ce que ta prof penserait de....ça!
http://vimeo.com/3333031
Melwenn- Protecteur des caravanes
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Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Mel', pour Kantistemeinenlebentruc, j'ai fait espagnol mais mes rudiments d'allemand m'indiquent que ça signifie Kantestmavie (si je ne me trompe pas, hein Sinead !
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Oui c'est ça (ça fait un peu redondant avec Kantismylife, mais je me suis aperçue après que Kant était allemand, alors tant qu'à faire...)
C'était l'éclate totale cette histoire là.
(pour la vidéo... Si je l'avais connue avant je m'en serais évidemment servi... Et la prof, je l'imagine bien s'évanouir comme Frère French-Kant-Kant, mais en vrai, elle dirait plutôt "Mais ça, ce n'est pas philosophique, hein. C'est ridicule.")
C'était l'éclate totale cette histoire là.
(pour la vidéo... Si je l'avais connue avant je m'en serais évidemment servi... Et la prof, je l'imagine bien s'évanouir comme Frère French-Kant-Kant, mais en vrai, elle dirait plutôt "Mais ça, ce n'est pas philosophique, hein. C'est ridicule.")
Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Je voulais mettre la première histoire concernant la philo, mais je n'ai pas fini de la taper. Alors voici un poème.
- Spoiler:
- Tombe tombe la pluie
Ou est-ce de la neige infinie
Message de di-eux oubli-és
Qui lancent des présages légers
Frémissent les aiguilles de pin
Quand le vent fait trembler l’air si fin
Allons-nous vivre allons-nous mourir
De chagrin d’ennui ou du pire
Le ci-el est blanc désespéré
Le bleu le noir il a ou-bli-é
Enchaîné à cette pauvre terre
Alors qu’il rêve de voir la mer
Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
- Spoiler:
- Comment meurt une étoile ?
Je le sais. J’en connais une.
Elle n’avait pas de nom, parce que les étoiles n’en ont pas. Les hommes peuvent être aussi fiers qu’ils le veulent avec leurs télescopes quand ils repèrent Bételgeuse ou Aldébaran, les étoiles se rient d’eux.
Elles observent l’agitation terrestre depuis leur obscurité froide. Elles se contentent de briller. C’est de la pensée que jaillit la lumière, alors elles pensent. Aussi inaccessibles que l’univers est infini-mais l’est-il vraiment ?
Les étoiles pensent, mais elles ne vivent pas. Elles élèvent leur esprit par des réflexions intraduisibles, philosophie et mathématiques d’une complexité infinie, mais elles se débattent dans une incompréhension profonde dès qu’elles s’éloignent un tant soit peu de leur abstraction.
On considère souvent les étoiles comme des signes du destin. C’est vrai. Elles sont gardiennes d’un savoir inutilisable, qui ne les concerne pas et qu’elles ne peuvent pas comprendre, tant il est influencé par les sentiments de ceux qui vivent vraiment.
L’étoile dont je voulais parler n’a pas su se contenter de cela. N’est-ce pas, après tout, le véritable péché originel, celui dont nous sommes tous coupables ? Ne pas se contenter de ce que l’on a. Vouloir plus, vouloir mieux.
Elle a attendu une nuit de pluie. Elle a abandonné ses pensées, une à une, sans regrets, et elle s’est laissée tomber.
Elle a renoncé à une vie qui n’en était pas une. Moi, je l’ai regardée de ma fenêtre chuter doucement. Je l’ai regardée s’éteindre jusqu’au bout.
Il suffit de regarder pour savoir comment une étoile meurt.
Quand ce fut terminé, j’ai jeté un dernier regard vers le ciel. J’ai vu ses consœurs cesser de penser – s’éteindre – juste pour une fraction de seconde.
Comme si elles dansaient au bord du précipice où l’une d’elles s’était jetée.
Comme un hommage.
Désolée pour les fautes de frappe, j'ai tapé ça très vite, on m'attendait. Si vous en voyez d'autres dites-le (je suis maniaque des fautes d'orthographe).
Et ceci est une histoire écrite il y a quelques semaines (je ne date jamais rien). Je regardais la pluie tomber et j'ai eu envie d'écrire ça.
Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
C'est magnifique, Sinead ! Wahou
C'est juste sublime.
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C'est juste sublime.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Merci ! Ça me touche beaucoup !
Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Je trouve ton premier texte très léger et agréable à lire ! Je sais que ce n'est pas facile du tout pour moi décrire en cours... Après, en philo, ça doit être autre chose
J'aime beaucoup ton poème, surtout la dernière partie !
Et ton texte... Oh là là ton texte... J'en ai encore des frissons ! Merci !
En espérant en lire encore beaucoup !
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J'aime beaucoup ton poème, surtout la dernière partie !
Et ton texte... Oh là là ton texte... J'en ai encore des frissons ! Merci !
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En espérant en lire encore beaucoup !
Laurelaï- Empathe initié
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Localisation : Entre mes Mondes.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Merci ! Ca me touche beaucoup !
Ici, nous avons un petit florilège de ma prof de philo.
Et un poème pour la route. Je l'ai écrit à la place de ma soeur de 4ème, pour un devoir de français. Il fallait l'intituler "La fuite du temps", parler de l'impatience de grandir, de la nostalgie du passé, décrire des sentiments et des sensations, mettre une personnification, une métaphore et une comparaison, faire 4 strophes et des rimes embrassées. Je me suis ajouté une contrainte, la trouverez-vous ?
(Oui, j'ai changé de titre, avoir le même titre que la classe de ma sœur ne me plaisait pas...)
Ici, nous avons un petit florilège de ma prof de philo.
- Les généralités à la con de la prof de philo:
- Aujourd'hui, un petit texte écrit à propos de ma chère prof de philo, qui a bien fait rire mes copines de première lorsque je leur ai lu.
"Ecoutez-moi, sinon, vous ne comprendrez rien !"
Elle croit sincèrement que sans elle, on ne comprend rien. Que sans elle, nous, pauvres petits élèves avides de savoir, resteront dans l’obscurité de l’ignorance, et qu’elle seule peut nous éclairer de la lumière de ses connaissances. J’ai 16 ans, je suis en terminale, et je m’estime capable de lire un texte de Bergson et de le comprendre. En plus, quand on voit ses connaissances, il y a de quoi rigoler.
« Je ne sais pas si ce sont des réparateurs informatiques ou des opérateurs téléphoniques… »
C’était écrit juste sous la photo !
« Helen Keller est née sourde, aveugle et muette. C’est grâce à la ténacité de sa gouvernante qu’elle a pu… »
Helen Keller est devenue sourde aveugle et muette à l’âge de deux ans suite à une maladie. C’est une institutrice pour enfants aveugles engagée par ses parents dans ce but qui l’a aidée, pas « la seule gouvernante qui a accepté de s’occuper d’elle » ! J’estime qu’un professeur digne de ce nom doit transmettre un savoir, donc dire des choses justes ou se taire ! Je sais bien que tout le monde ne peut pas être Mme D. (hélas), mais quand même !
« Vous n’avez pas besoin d’un portable. Vous en avez acheté un pour faire comme les autres »
Elle se croit devineresse ou quoi ? Je suis prof donc je sais tout de vous ? Moi, non. J’ai refusé d’avoir un portable pendant trois ans. J’en ai eu un à 14 ans et demi, parce que j’en avais besoin pour les 20 spectacles de théâtre. Madame, de quel droit faites-vous des présents de vérité générale ?
« VOUS m’embêtez, ce n’est pas MOI qui vous embête ! »
Pourquoi croyez-vous que je passe mes heures de philo à écrire dans ce carnet ? Réfléchissez deux secondes, je suis sûre que vous trouverez.
« Si vous ne vous taisez pas, on ne pourra pas avancer »
Quel esprit logique, Madame ! Là, il y a de quoi en remontrer à Descartes et Leibniz, c’est sûr.
Et un poème pour la route. Je l'ai écrit à la place de ma soeur de 4ème, pour un devoir de français. Il fallait l'intituler "La fuite du temps", parler de l'impatience de grandir, de la nostalgie du passé, décrire des sentiments et des sensations, mettre une personnification, une métaphore et une comparaison, faire 4 strophes et des rimes embrassées. Je me suis ajouté une contrainte, la trouverez-vous ?
- Les étoiles nous regardent vivre:
- Le sourire des bougies soufflées
D’un bouquet de fleurs bleues et violettes
La chaleur d’un été aux comètes
La beauté d’un ciel illuminé
J’ai habillé de soins mes poupées
Des années j’ai espéré la neige
Emue par la mer ce sortilège
Qui pour toujours m’avait envoûtée
Enfance je vis toujours en toi
Le temps passe et emporte la vie
Je ne regrette plus d’être ici
Je veux grandir et trouver ma voie
Je veux voyager en liberté
Réaliser un par un mes rêves
J’irais voir l’océan s’échouer sur la grève
Comme un grand feu sanglant d’étoiles envolées.
(Oui, j'ai changé de titre, avoir le même titre que la classe de ma sœur ne me plaisait pas...)
Sinead- Apprenti Nomade
-
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Cette fois-ci, voilà quelques poèmes d'amour, dans l'ordre chronologique.
JEU : saurez-vous deviner le(s)quels relève(nt) d'une expérience et le(s)quel(s) relève(nt) de l'imaginaire total ?
JEU : saurez-vous deviner le(s)quels relève(nt) d'une expérience et le(s)quel(s) relève(nt) de l'imaginaire total ?
- Issu du Cahier Vert (environ 1 an et demi), structuré sur ma réplique préférée d'Andromaque:
- Ne t’ai-je donc point aimé, cruel ? Qu’ai-je donc fait ?
J’ai écouté tous tes mots et tous tes silences
Je t’ai souri, riant aux blagues que tu lances
J’y suis encore, malgré ta lointaine aimée
Et malgré mon sincère vœu de t’oublier.
Je t’ai tenu la main, c’était un soir de fête
J’attendais que mon cœur dans le tien se reflète
J’ai cru à cette histoire, à ce début
Tu me donnerais un cœur qui m’était dû.
Je t’aimais de toute la force de ton âme
Et en ce moment même où je sèche mes larmes
Vient me titiller le si amer goût du doute.
Je me sens forte, je ne me crois plus atteinte
Je te parle tous les matins normalement
Mon cœur ne bondit plus d’un coup en te voyant.
Mais quand la nuit tombe avec toutes ses étoiles
Que je suis seule dans mon petit lit bancal
Que j’imagine, crée, je rêve et pense
Je voudrais t’intégrer dans une folle danse
Je voudrais juste que tu arrives comme ça
Que dans mon lit, comme par magie, tu sois là.
Que tu me prennes longtemps, très fort dans tes bras
Je serrerais contre moi ton maigre corps
Je sentirais contre moi battre ton cœur d’or
Je ferais ce dont je rêve depuis longtemps
Trois mois deux semaines cinq jours exactement
Je m’agripperais de toutes mes faibles forces
A ta chemise, mon visage contre ton torse
Pour pleurer toutes les larmes à plus tard remises
Qui inonderont d’étoiles ta chemise.
- Issu du Cahier Bleu (même période):
- Quand petite je me couchais,
Je gardais les yeux grands ouverts et j’écoutais.
J’entendais parler les plus grands
Dans la cuisine ; ô inaudibles vibrations !
J’étais sans peur en m’endormant
Dans mes rêves s’invitaient ces rassurants sons.
Aujourd’hui j’écoute le nocturne silence
Mais si j’entendais ta voix
Je n’aurais plus jamais peur.
- Pareil:
- J’avais ma serviette de bain pliée
Très fort contre mon cœur je l’ai serrée
Très fort, un garçon j’ai imaginé.
Combien de temps ? ai-je pensé
Les yeux toujours soigneusement fermés.
- Issu du Cahier Irlandais (environ la semaine dernière):
- Une silhouette perchée à la cime d’un arbre
Se détache sur le ciel blanc
Au loin tout là-bas derrière la vitre
Il pleut.
J’écoute vaguement le vieillard à lunettes
Je suis face à la fenêtre
Je le regarde les yeux dans les yeux
Il m’attend
Il m’attends
Je l’attends
Séparés par un mur
De briques de verre d’inconnu
Je t’attendrais toujours
L’éternité les yeux dans les yeux
- Issu du Cahier Irlandais, la semaine dernière:
- Malheureux il tourne autour de la vitre
Il veut entrer, flamme déterminée
En lui ; mais il ne le peut.
Et moi, je sais qu’il est là
Mais si je ne peux le voir
Aveuglée par la nuit
Les étoiles les reflets l’ennui
L’entendre les yeux fermés
Cela du moins je le peux
Et il faut faire ce que l’on peut
Ses mots volent au-dessus de moi
Sans que je puisse les attraper
Nous passerons notre vie à nous chercher
Sans jamais sans jamais se trouver
Sinead- Apprenti Nomade
-
Messages : 170
Date d'inscription : 23/04/2014
Age : 26
Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Coucou Sinead !
Je viens de lire l'intégralité de tes textes (je n'étais malheureusement jamais passée ici avant )
Et j'ai vraiment aimé !
Je les trouve tous très forts et magnifiques ! Tes textes sur la philo m'ont amusé aussi. C'est bien en tout cas que tu puisses te defouler
![Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde ! 2013935694](/users/2516/39/99/94/smiles/2013935694.gif)
Au plaisir de te relire !
Misu
Je viens de lire l'intégralité de tes textes (je n'étais malheureusement jamais passée ici avant )
Et j'ai vraiment aimé !
Je les trouve tous très forts et magnifiques ! Tes textes sur la philo m'ont amusé aussi. C'est bien en tout cas que tu puisses te defouler
![Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde ! 2013935694](/users/2516/39/99/94/smiles/2013935694.gif)
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Au plaisir de te relire !
Misu
Misuto- Crise du seuil
- Messages : 259
Date d'inscription : 06/06/2013
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Salut Sinead ! Wah, j'adore tes textes ! Le premier m'a tuée XD
Tes poèmes sont bien aussi ! Ils sont très abstraits, même si je n'ai pas toujours tout compris, c'est joli et agréable à lire. Je ne suis pas fan des poèmes d'amour, mais le premier du message précédent m'a beaucoup plu...
Mets-en d'autres, mets-en d'autres, et aussi des drôles comme la Messe Noire !
Tes poèmes sont bien aussi ! Ils sont très abstraits, même si je n'ai pas toujours tout compris, c'est joli et agréable à lire. Je ne suis pas fan des poèmes d'amour, mais le premier du message précédent m'a beaucoup plu...
Mets-en d'autres, mets-en d'autres, et aussi des drôles comme la Messe Noire !
![Very Happy](https://2img.net/i/fa/i/smiles/icon_biggrin.png)
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Je reviens un peu par ici ! Avec un conte de Noël, cette fois. J'en avais écrit un en première, ce qui ne nous rajeunit pas (3 ans, sapristi !), et j'ai eu envie d'en refaire un (il s'est trouvé être beaucoup plus long sans que je sache trop comment). A l'avenir, j'aimerais bien en écrire un par an, comme ce cher Dickens. Enfin bref, voici :
Voilà ! J'en reposte très vite, promis !
- Conte de Noëlle:
- Est-ce que vous connaissez quelque chose de plus nul que de s’appeler Noëlle ?
Non, bien sûr.
Qu’à cela ne tienne ! J’accepterais de m’appeler Noëlle quand j’aurais un Halloween, une Pâques ou une Anniversaire dans ma classe. C’est pas demain la veille.
Par contre, aujourd’hui c’est la veille de Noël. Une fête que je n’apprécierais pas, même si elle ne portait pas mon nom. Vous allez comprendre.
Tenez, ça commence.
- Noëlle, viens dire bonjour à tes grands-parents !
Dans les films pour enfants, les grands-parents sont toujours adorables, ils ne grondent jamais et font des tas de cadeaux. Franchement, je me demande d’où ils les sortent.
Voilà. J’ai dit bonjour. Je me prépare. Ils vont ouvrir le feu.
- Comment vas-tu, ma petite fille ?
Et c’est parti !
- Et les études ? Ca se passe bien, les études ?
Originalité, quand tu nous tiens…
- J’ai l’impression que tu as grossi. Fais attention pendant les fêtes !
Ma grand-mère dans toute sa splendeur.
- Tu nous accompagnes à la messe, j’espère ?
Oh, pitié…
- Et un petit ami ? Tu as un petit ami ?
Changer de sujet, vite, vite…
- Toujours pas ? Tu n’es pas lesbienne au moins ?
Alors là, je ne peux pas. Tant pis pour ce que j’avais promis à Maman.
- Grand-Père, c’est homophobe de dire ça. J’ose espérer que tu m’aimerais même si j’étais lesbienne. D’ailleurs, cette manie de me demander si j’ai un petit ami sous-entend qu’une femme ne peut pas être parfaitement épanouie sans un homme, et c’est parfaitement sexi…
- Papa, Maman, débarrassez-vous de vos manteaux, venez boire quelque chose ! s’exclame précipitamment ma mère.
Le regard qu’elle me lance n’est pas en colère, il est résigné. La pauvre connaît bien les phénomènes.
Moi, je remonte me changer. Un des rares trucs bien de cette fête, c’est qu’on peut se mettre sur son trente-et-un. Tous les ans, je m’achète une robe différente. Cette année, elle est très longue, encore à cause de ma promesse.
La formulation exacte était : « Dans la mesure du possible, je serais polie et agréable avec tout le monde, et je ne prononcerais pas le mot « genre », ni « dictature du patriarcat », ni « slut-shaming », quitte à renier mes convictions pour des raisons purement diplomatiques. »
Si ma robe est courte, j’aurais des réflexions qui m’obligent à parler de slut-shaming, alors elle est longue. C’est absolument scandaleux, mais je l’ai pris comme un défi, et je crois l’avoir relevé haut la main. Ma robe est donc longue, rouge et fluide, avec un décolleté rond et des manches en tulle. Ma-gni-fi-que.
- Noëlle ! Tes cousins sont arrivés !
Et zut. J’en avais presque oublié la suite des réjouissances.
Le premier à ouvrir le bal est mon cousin Jules, il a 24 ans. Et pour notre malheur à tous, il prépare une thèse d’économie.
- Salut, cousin.
- Salut, cousine.
Oui, je sais, pour l’instant il a l’air normal. Ca se gâtera à table. Ah, voilà Luc, autrement appelé Subtilité-en-barre.
- Alors Noëlle, c’est Noël ?
Je vous l’avais bien dit.
- Mon prénom est peut-être nul, mais au moins ce n’est pas l’anagramme de « cul ».
D’accord, ce n’est pas précisément « agréable », mais la même blague tous les ans, ça commence à bien me… enfin, vous avez compris. Et puis, il ne me caftera pas.
- Noëlle elle a dit « cul » ! Noëlle elle a dit « cul » !
Ma cousine Inès, six ans, par contre…
- Et toi, Inès, comment vas-tu ?
On ne peut pas dire que je ne fais pas d’efforts, là.
- T’as dit « cul » ! T’as dit « cul » !
Pour couronner le tout, voici sa sœur jumelle Zoé. On la surnomme « la mytho mystique ».
- Noëlle ! Tu ressembles à Olaf aujourd’hui !
Petit conseil aux futurs parents : ne faites jamais regarder la Reine des Neiges à vos enfants. Non seulement ça propage des idées sexistes, non seulement la chanson Libérée Délivrée pourrait rendre fou le plus solide des adultes, mais le pire, c’est que votre malheureuse gamine n’aura plus que ce sujet à la bouche, ce qui peut causer de vrais désastres sur son psychisme, surtout si elle est déjà à moitié illuminée.
- Tu crois ?
- Oh ! Oh !
Zoé me passe devant, se plante au milieu du salon et s’écrie :
- La Reine des Neiges ! Là !
Elle s’agenouille devant le ficus – le ficus ! – avec des airs d’extase.
- Oh, Elsa, je ne savais pas que tu viendrais. Je te donne cette papillote en offrande.
- Faut vraiment la faire soigner, celle-là, marmonne Jean-Henri.
Jean-Henri a un prénom encore plus désastreux que le mien. En pleine crise d’ado, il est devenu gothique, ce que tout le monde trouve ridicule.
Ensuite je fais la bise à Nora, notre junkie, au petit David, qui n’a pas lâché sa console depuis au moins trois ans, à l’oncle Grégoire (celui qui vote FN et qui l’assume beaucoup trop pour que ça ne parte pas en cacahuète), et à la cousine Jennifer.
La cousine Jennifer est un stéréotype de l’ado. Trois litres de mascara mal étalé par œil, vissée à son I-phone dernier cri, porte des écouteurs en permanence et ponctue ses phrases de « wesh » et autres « lol ».
Vous trouvez que ce n’est pas une famille mais un défilé de clichés ambulants ? Moi aussi.
Jennifer enlève son manteau, et comment dire… Elle porte une robe très, très courte et un décolleté très, très profond. Tout le monde est médusé par ces quelques pauvres centimètres carrés de tissu. Moi, j’hésite entre la jubilation – Grand-Mère a l’air sur le point de faire une attaque – et l’indignation : à ce prix-là, je ne vois pas pourquoi je me suis embêtée à trouver une robe aussi longue.
- Mais, Jenny… bredouille une tante. Tu ne vas pas porter ça ?
- Et pourquoi pas ?
- C’est beaucoup trop court, voyons. Tu ressembles à une…
- Tata, la France est un pays libre. En tant que femme, je dois avoir le droit de porter ce que je veux sans être jugée. Dire que je ressemble à une quelque chose, je ne développe pas à cause des petits, vous m’avez comprise, c’est du slut-shaming. Autrement dit, une énième manifestation du patriarcat qui nous empêche de vivre notre vie.
Mot pour mot ce que j’ai dit l’an dernier (alors que ma robe faisait vingt centimètres de plus). Jennifer vient de remonter en flèche dans mon estime.
- Déjà qu’une Noëlle, c’était lourd, marmonne Luc.
- Bonjour !
Une jeune femme vient d’entrer. Elle a la trentaine, un look de hippie, avec de longs cheveux décoiffés, une jupe longue et plein de pulls superposés. Les motifs – velours rouge brodé de petits sapins verts, sucres d’orge sur fond doré et bonhommes de neige sur fond bleu nuit – font presque mal aux yeux.
A part ça, nous ne la connaissons absolument pas.
- Madame ? demande Maman.
- Je suis votre cousine Anna ! Je vous ai envoyé un mail la semaine dernière et vous m’avez invitée. Vous ne vous rappelez pas ?
Elle regarde Maman. Maman cligne des yeux.
- Ah oui, peut-être. Allez, à table !
Tout le monde s’installe. David ne décroche pas de sa console, Inès et Zoé font un bruit fou, Jennifer envoie furieusement des SMS, Luc fait des blagues grasses à Jean-Henri qui ne l’écoute pas… Nora est en face de moi. Elle présente une ressemblance frappante avec un lapin atteint de myxomatose.
On commence par le foie gras. La cousine Anna, qui a eu un mot gentil pour chacun (je me demande comment elle fait), décline.
- Je suis végétarienne.
- Je suis désolée, je ne savais pas…
Maman se confond en excuses. Bien sûr, le soir de Noël, elle ne pouvait pas prévoir…
- Ne vous inquiétez pas. Vous avez sûrement un reste de légumes quelque part ?
- Peut-être un peu de salade, marmonne Maman, visiblement peu convaincue.
Elle ouvre la porte du frigo et en sort un énorme saladier de ratatouille. Surprise, elle le fait réchauffer au four à micro-ondes.
Moi aussi je suis surprise. On n’en mange jamais, à la maison.
Quand nous passons à la dinde, Jules nous explique depuis vingt-cinq minutes en quoi il va révolutionner tout le système économique occidental – c’est d’un ennui mortel. La cousine Anna est toujours dans sa ratatouille. Elle mange comme quatre. Et la dinde ! Ce pauvre volatile est capable d’étouffer tous les chrétiens du monde, avec les juifs, les musulmans et les bouddhistes en prime. Et peut-être même les hindouistes. Et…
- Et là, j’ai dit : ce devoir de maths était dur comme ma b…
Ne pas écouter Luc, sinon je vais répondre et ne pas être polie, agréable et j’en passe. Ne pas écouter Luc. J’en étais aux hindouistes. Les hindouistes, les shintoïstes, et, euh, comment ça s’appelle, si, les animistes, et…
- T’façon, c’est tout la faute des za-rabes si ça part en couille dans c’foutu pays, marmonne l’oncle Grégoire, qui a visiblement déjà bu un verre de trop.
Ne pas répondre. Ne pas y penser. Je n’écoute pas. C’était une bonne idée, les religions, si j’essayais, euh… Tiens, les légumes. La tomate. La salade.
- Et donc, dit Grand-Mère, le docteur m’a enlevé mes varices…
Salade de tomates…
- D’après la conjoncture économique actuelle…
- Au cul la conjoncture économique actuelle !
Ca n’aura pas traîné. Tant pis pour les légumes, je n’arrive pas à me concentrer.
- Moi, je vois pas pourquoi mes impôts, mes sous à moi, ça devrait payer les mosquées, les caravanes des Roms, et les trucs qui profitent qu’à ceux qui nous piquent NOS boulots !
- Papa il a dit « cul » ! Papa il a dit « cul » ! dit crie Inès.
- Mais enfin, Greg, tu ne peux pas dire ça ! proteste Maman. Le chômage touche tout le monde, et les immigrés…
- Viens pas me dire c’que j’ai à faire, chuis sûre que t’as voté Hollande ! T’façon tout va mal, ici. Ce serait déjà mieux si y avait pas tous ces… gens dans les rues… Leur mariage pour tous a tout foutu en l’air ! Vous verrez que bientôt, faudra que NOUS, on paye EN PLUS les opérations des travelos…
Racisme, homophobie et transphobie en cinq phrases, ça tient de l’exploit ! Face à un combo pareil, je n’y tiens plus (j’aurais tenu presque une heure sans rien dire quand même !) et je me lève à mon tour.
- Je suis moi-même transgenre, réplique poliment la cousine Anna.
Toutes les têtes se tournent vers elle. Elle est peut-être bizarre, mais elle est sacrément courageuse. Je me rassois.
Grand-Mère a l’air tout à fait offusquée de l’exemple qu’elle pourrait donner à ses petits enfants. Enfin, au moins tout le monde se tait, le temps de finir tranquillement la dinde.
C’est moi qui vais chercher le plateau de fromages. Le temps de revenir, quelqu’un (Jules à tous les coups) avait relancé le sujet des dernières élections régionales, et ils semblaient tous prêts à s’étriper.
Et soudain, tout se fige. Comme dans un film : les bouches sont ouvertes, les regards fixes, personne ne bouge, le silence se fait.
- Viens donc par ici, Noëlle.
La cousine Anna se sert tranquillement un verre de vin.
- Pas mal du tout, ce Saint-Emilion.
Je crois que je n’arrive toujours pas à réaliser ce qui se passe.
- Vous êtes qui, au juste ? Il se passe quoi ?
C’est incroyable. Personne ne bouge. Vraiment. On se croirait dans, euh… Narnia, l’Odyssée du Passeur d’Aurore, quand les sept seigneurs sont figés, tous couverts de toiles d’araignées, et que le Prince Caspian, tellement beau gosse, essaie de les sauver avec Ripitchip la souris qui parle, et…
- Je suis l’esprit de Noël.
J’en suis tellement bouche bée que le beau Prince Caspian est renvoyé illico de mes pensées immédiates, avec le reste des films que je regardais quand j’avais douze ans.
L’esprit de Noël. Voilà autre chose.
Sur le coup, étant toujours sous le choc, la seule chose que je trouve à dire est :
- Vous n’êtes pas vraiment transgenre alors ?
- Non. Je suis agenre et je peux changer d’apparence à volonté. Mais reconnais que ma remarque a mieux calmé la salle que celle que tu t’apprêtais à faire.
Décidément, on nage en plein délire, là…
- D’accord, mais c’est hyper bizarre, votre truc. L’esprit de Noël ? Sérieusement ? J’ai l’impression d’avoir été téléportée dans Le Drôle de Noël de Scrooge.
Mince, j’ai pensé tout haut. Si c’est vraiment un esprit, je ne sais pas comment elle pourrait le prendre…
- Je t’en prie. Le conte de M. Dickens n’est pas mal du tout, mais toutes ces adaptations, franchement… A titre personnel, je préfère largement son Embranchement de Mugby. Ne retenir qu’un conte sur les vingt-cinq qu’il a écrits, je trouve ça idiot. Enfin. On y va ?
Il faut bien que je me rende à l’évidence. Ca n’a pas l’air d’une blague. Moi, Noëlle, totalement réfractaire à Noël, suis en présence de l’esprit de Noël. Il y a quand même de quoi rire.
- Noëlle ?
Ah, oui, c’est vrai.
- On va où ?
- J’ai des choses à te montrer.
La cousine Anna – enfin, l’esprit de Noël – attrape mon poignet et touche la poitrine de Jean-Henri.
Tout ce qui est autour de nous devient flou, puis disparaît. Un lieu se recompose autour de nous en quelques secondes, sans que nous ayons fait un seul mouvement. C’est une petite chambre d’adolescent que je ne reconnais pas.
- Là, on se croirait dans la Pensine de Dumbledore.
La cousine Anna (tant pis, le pli est pris, je continuerai à l’appeler « la cousine Anna ») glousse. Je me demande si on regarde Harry Potter au royaume des anges.
- C’est vrai que ça ressemble à la Pensine. Ils ne peuvent ni nous voir, ni nous entendre.
- Qui…
- Viens.
Elle m’entraîne dans le salon attenant. Là, je reconnais mon cousin Jean-Henri, et sa mère qui est assise dans le canapé, un verre à la main. Jean-Henri n’a pas ses vêtements noirs et semble plus… jeune ?
- C’était il y a deux ans, m’explique la cousine Anna.
La Pensine, je vous disais.
- Tu te rends compte ? La fille de Marie aime les… les filles ! C’est n’importe quoi ! Marie ne savait pas quoi faire, la pauvre. Franchement, je préfèrerais encore que mon enfant ait un cancer.
Jean-Henri semble mal à l’aise.
- Tu n’es pas d’accord ?
- Si, si. Bon, faut que j’y aille, j’ai des devoirs.
- Travaille bien, mais n’oublie pas de me ramener une petite amie, à l’occasion !
- Oui, oui.
On le suit jusque sa chambre. Il allume son ordinateur, se connecte sur Facebook et ouvre une fenêtre de discussion.
JH le bg du 69 : T là ?
Thorn viking barbu : Là. Ca va ?
JH le bg du 69 : Ma reum m’a saoulé grave
JH le bg du 69 : Elle préfère que j’ai le cancer plutôt que d’etre homo
Thorn viking barbu : Merde !
JH le bg du 69 : C sur.
Thorn viking barbu : Courage bb
JH le bg du 69 : Jtm
Thorn viking barbu : Moi aussi
JH le bg du 69 : Mais G peur qu’elle se doute de qqch
Thorn viking barbu : Au pire tu fé semblant d’avoir ta criz d’ado
Thorn viking barbu : Tu dis des gros mots, tu clak les portes, et elle se dit « C une criz d’ado » et elle te calcule pas
JH le bg du 69 : Ta raison, G ptet une idée
Nous lisons par-dessus son épaule, et j’en suis scotchée.
- Il est homo Jean-Henri ? Waouh !
- Ca alors !
- Quoi ?
- Ca alors, c’est plus joli que « waouh »…
Voilà que notre esprit de Noël s’improvise prof de français. C’est nouveau.
Sans me laisser le temps de ruminer davantage, la cousine Anna m’agrippe à nouveau le bras. Jean-Henri est maintenant tout en noir. Il est assis à table à côté de sa mère, elle-même en face d’un petit blond que je ne connais pas.
- Alors, il avance cet exposé ?
- Oui, m’dame, répond le blondinet.
- Tant mieux. Tu reprends un peu de tarte, Félix ? Pour tout vous dire, les garçons, je suis contente que vous soyez ensemble, vous avez l’air de former une bonne équipe, tous les deux !
Malgré son air renfrogné, on voir bien que Jean-Henri est gêné. Le pauvre !
Les deux garçons retournent dans la chambre.
- Elle a dit « je suis contente que vous soyez ensemble »… dit rêveusement Jean-Henri.
- On appelle ça l’ironie du destin, réplique Félix.
Il s’approche de lui et l’embrasse longuement.
- T’avais raison. Depuis que je fais semblant d’aimer tous les trucs moches avec un crâne, elle capte plus rien.
- Faudra quand même lui dire un jour.
- On a le temps…
Ils s’embrassent encore. Nous disparaissons.
De retour dans la salle à manger, la cousine Anna m’entraîne vers Zoé. En un clin d’œil, nous nous retrouvons dans une cour d’école. Zoé se tient face à une petite bande d’enfants de son âge.
- Je peux jouer avec vous ?
- Non.
Elle se tourne vers une petite fille.
- Mais je croyais qu’on était copines ! On a la même Barbie Reine des Neiges !
- Non, t’es pas ma copine. Et t’as même pas le sac Reine des Neiges.
- Mais…
- Dégage maintenant !
Désemparée, Zoé fait demi-tour.
- Elle est débile, celle-là !
Dire qu’il y a des gens qui disent aimer les enfants, et qu’ils sont INNOCENTS. Ca me dépasse.
Zoé ne se retourne pas. Elle avance encore un peu, puis elle marmonne :
- Viens Elsa, on va jouer toutes les deux.
La scène se floute. Nous sommes à nouveau dans la cour, mais Zoé porte d’autres vêtements. Elle se trouve de l’autre côté, assise sur un banc, et elle regarde d’un œil sombre les autres jouer. Puis elle se lève. Elle passe devant la petite bande, repasse, en courant, à cloche-pied, en imitant un chien… Rien n’y fait. Ils l’ignorent superbement.
Zoé soupire imperceptiblement. Puis son visage s’éclaire.
- Oh ! Elsa ! Là ! C’est Elsa de la Reine des Neiges ! Elsa, Elsa !
Elle court, se perche sur le portail et acclame Elsa. En jetant un regard derrière elle, elle constate que tout le monde la regarde. Même si personne ne la croit, tout le monde la regarde. Enchantée, elle continue à crier.
La scène disparaît. Nous sommes maintenant dans le vestibule (j’adore ce mot, il sonne super bien) de la maison de Tonton Greg.
- C’est le soir de la même journée, m’informe la cousine Anna.
- A ce train-là, je vais vous appeler « la voix-off » !
J’ai encore pensé tout haut et je ne sais pas si elle l’a bien pris. Tant pis, une jeune fille normale entraînée dans une galère pareille a bien le droit de péter un peu les plombs…
- Papa, on est rentrées ! crie Zoé en ouvrant la porte, suivie de près par sa mère et sa sœur.
Ma tante pose les cartables et ferme la porte. Inès se dirige vers sa chambre.
- Maman, on a de la lecture à faire pour l’école. Est-ce que tu pourrais…
- Je n’ai pas le temps. Si vraiment tu as besoin d’aide, demande à ton frère quand il rentrera.
Déçue, Zoé trottine dans le couloir. Nous la suivons. Elle entre dans la chambre de ses parents. L’oncle Grégoire est assis sur le lit, un ordinateur portable sur les genoux.
- Papa, tu joues avec moi ?
- Non, Zoé, tu vois bien que je suis occupé.
Zoé traîne des pieds dans le couloir. Voilà un aspect de cette famille que je ne connaissais pas. Dire que je les trouvais déjà bien gratinés AVANT…
- Blanche-Neige, Blanche-Neige ! Blanche-Neige est à la maison ! crie soudain ma cousine.
Nous repartons sur la vision de toute la famille entourant Zoé et cherchant à comprendre ce qu’elle voit.
Je pensais que la cousine Anna toucherait ensuite Tonton Grégoire, mais tout faux : elle m’entraîne vers Jules. Avant de partir, j’ai le temps de voir que l’horloge est arrêtée, et que Jean-Henri et Zoé ont une expression plus… sereine, je dirais. Y a pas à dire, c’est vraiment bizarre ce truc…
Nous débarquons dans un bureau exigu. Un homme chauve et bedonnant est assis en face de Jules. Ca doit être son directeur de recherche.
- Mon petit Jules – je peux t’appeler Jules ? Comment te dire… C’est nul, ton truc. Ta thèse, elle ne tient sur rien.
D’accord, j’avoue. Je plaide coupable. Oui, j’ai ressenti une satisfaction mesquine en entendant ça, et oui, je me suis estimée vengée de tous les discours interminables auxquels on a droit depuis le début de son master, soit trois ans. Voilà, vous êtes contents ?
Une chambre d’étudiant remplace soudain le bureau. Sur le lit est allongée une jeune fille. Il s’agit sûrement de sa copine, celle qu’il ne nous a jamais présentée, et maintenant je comprends pourquoi : c’est une authentique punk, avec une crête violette et un collier à pics. Grand-Mère adorerait.
Elle lit les notes de Jules d’un œil distrait.
- J’y comprends rien ! Ca a l’air super compliqué, l’économie, mon Doudou !
« Mon Doudou ? »
Je ne sais pas ce qui est le plus drôle entre le ridicule du surnom et l’idée de le donner à Jules. Mince, quand je pense que je ne pourrais jamais raconter ça puisque je ne suis pas censée le savoir, j’en ai presque de la peine…
Jules se redresse sur sa chaise de bureau, avec l’air pompeux que nous lui connaissons bien.
- C’est sûr que c’est compliqué. Tout le monde ne peut pas faire de l’économie.
- Non mais quel faux-cul ! je m’indigne, en oubliant presque qu’il ne peut pas m’entendre. Je savais déjà que c’était un crétin prétentieux, mais un crétin prétentieux ET mauvais dans son domaine, c’est le pompon !
La cousine Anna sourit. Encore.
- Souvent, les personnes prétentieuses sont les moins sûres d’elles.
Je ne dis rien, mais je n’en pense pas moins. Ce côté psychologie de comptoir, bonne morale de « regarde Noëlle, ce n’est pas de leur faute à ces braves gens », ça m’énerve. Quand j’avais six ans, j’avais jeté dans la cheminée tous ces stupides livres de la comtesse de Ségur parce que ça m’énervait déjà à l’époque, ce n’est pas pour qu’on me fasse la morale maintenant…
La cousine Anna m’entraîne « chez » Nora.
- C’était il y a deux ans, m’explique-t-elle.
Pour une fois, nous ne sommes pas chez un oncle ou une tante, mais devant une boîte de nuit. Nora attend devant l’entrée avec des copines, maquillée comme une voiture volée et juchée sur des talons de… huit, je dirais. Non, dix centimètres.
- Tu vas voir, Nora. Quand Dan te verra comme ça, il va tomber raide, c’est sûr !
Elles entrent et dansent un moment. Nora n’arrête pas de regarder partout. Elle se tord un peu les chevilles sur ses talons trop hauts.
- C’est la première fois qu’elle fait ça ? Aller en boîte, je veux dire ?
- La voix off t’informe que c’est la troisième, répond la cousine Anna sur un ton léger.
Nora sursaute. Trois garçons s’approchent de leur petite bande. C’est celui du centre qui attire tous les regards. Dix-sept ans environ, cheveux noirs mi-longs, yeux verts perçants, démarche assurée, bref, le stéréotype du beau gosse roi de la basse-cour.
Il m’est tout de suite antipathique. Il respire la suffisance et le mépris. Et je mettrais ma main à couper que c’est lui, le fameux Dan au surnom si classe…
- Ca va, Daniel ? demande une fille.
- Ne m’appelle pas comme ça !
Daniel. Il s’appelle Daniel, le prénom de grand-père par excellence ! Ha, ha ! C’est bien fait !
Nora le regarde avec des yeux de poisson mort d’amour qui sont presque attendrissants.
- Tu t’amuses, petite Nora ?
Elle acquiesce, aussi stupéfaite que si Dieu en personne lui avait adressé la parole.
- Ca te dirait de t’amuser encore plus ?
Elle acquiesce à nouveau et suit les garçons, en compagnie de deux de ses copines, visiblement habituées. Après une rapide vérification, ils entrent dans les toilettes.
LES TOILETTES.
Même moi, j’ai vu assez de films pour savoir que ça sent mauvais. Sans mauvais jeu de mots. D’ailleurs, Nora n’a pas l’air rassurée.
Ils entrent dans la cabine pour handicapés et s’agenouillent autour du couvercle de la cuvette. On dirait une société secrète, mais version ridiculo-pathétique.
Daniel (ne comptez pas sur moi pour l’appeler Dan) sort des petits sachets de sa poche et verse un peu de poudre blanche. Il se tourne vers Nora.
- C’est ta première fois, non ? A toi l’honneur.
La scène se floute. Quad je pense que ce salopard a l’âge d’être son grand frère !
Nous sommes maintenant dans un lycée. Daniel et Nora s’embrassent furieusement derrière une rangée de casiers.
- C’était trois semaines après la rentrée en seconde de Nora, commente Anna avant qu’on ne reparte.
Un banc. Ils y sont assis l’un contre l’autre et se font passer un joint avec une régularité qui force l’admiration.
Flou encore.
Le banc, à nouveau. Nora y est assise, Daniel est debout face à elle.
- Donc tu me quittes ? C’est ça ? demande Nora.
Visiblement, elle fait un effort pour prendre sur elle.
- Ouais, c’est ça, exactement.
Le banc disparaît. Nora discute avec un jeune homme qui porte un sweat à capuche.
- Pareil que d’habitude ? demande-t-il.
- Non, aujourd’hui je vais avoir besoin de plus.
Un dealer en sweat à capuche, j’ai toujours cru que c’était un gros cliché, mais apparemment, ça existe vraiment.
Nora prend le sac plastique qu’in lui tend, dissimule soigneusement son contenu dans son soutien-gorge et part à pied. Elle rentre chez elle. L’appartement est vide. Elle s’enferme dans la salle de bains.
Nous refaisons un passage-éclair au salon, le temps de toucher Jennifer. Je commence à me sentir barbouillée. Quel effet cela aurait-il crée si Harry avait vomi dans la Pensine ?
Nous suivons Jennifer à travers la cour du collège. C’est une scène insoutenable. Dans un groupe de copines plus bêtes les unes que les autres, elle rit, piaille, crie, se met en avant, et se fait mousser en se moquant sans vergogne de quelques esseulées. Et bla bla bla, Machin a traité Truc de connard ! Et la prof de maths donne trop de devoirs ! Et les filles qui se maquillent pas elles sont trop moches (argh, quel dommage que je ne puisse pas leur dire ma façon de penser !). Et à la piscine Gaëlle était même pas épilée, trop dégueu ! (Re-argh !)
Jennifer finit par prendre congé de ces adorables jeunes filles en fleur, et sort du collège. Elle marche dans la rue en écrivant des textos.
- Hé, Jenny !
Elle sursaute.
- C’est bon, il n’y a personne pour te voir avec moi. Allez, je te raccompagne.
Un SDF au coin de la rue se lève, range la vieille couverture sur laquelle il était assis sans son sac et se dirige vers ma cousine. C’est seulement là que je comprends que c’est lui qui vient de parler. Finalement, entre la scène de la robe tout à l’heure et ce que je vois maintenant, on dirait que Jennifer est plus surprenante que ce qu’on pourrait penser de prime abord…
- Désolée, je n’ai pas de monnaie.
- Pas de souci, tu sais bien. Ca va, au collège ?
- Mouais.
- Dis, la petite boulotte aux lunettes rouges et au sac violet, elle est dans ta classe, non ?
- Oui, pourquoi ?
- Je l’ai vue passer en pleurant, tout à l’heure.
- Ah bon.
Jennifer a l’air mal à l’aise. Il n’insiste pas et continue à marcher à côté d’elle.
- Oh, regarde !
Il s’est arrêté devant une affiche pour un concert de jazz :
- C’est le genre de musique que tu écoutes, non ? Tu pourrais y aller avec des copines.
- Je ne crois pas.
Cette fois, Jennifer semble un peu triste. Les aléas de la vie sociale d’une collégienne, franchement, je suis bien contente d’en avoir fini avec ça.
- Tu vois, Jenny… J’aimerais avoir une maison et un travail. Je voudrais vraiment. Mais si le maire venait me voir pour me dire : « Jean, tu auras une maison et un travail, à condition de faire le tour de la ville tout nu en marchant sur les mains », et bien je refuserais. Tu comprends ce que je veux dire ? Je rêve d’être accepté, comme tout le monde. Mais pas à n’importe quel prix.
- Mieux vaut être seul que forcé à se déshabiller devant toute la ville ?
- Tu ne crois pas ?
On arrive à l’angle de la rue où habite ma cousine.
- Je vais y réfléchir. Merci.
- Pas de quoi. Prends soin de toi.
- Toi aussi.
Sans transition, Jennifer est maintenant dans sa chambre. Le paysage dehors est carrément hivernal. Quelques mois ont dû s’écouler.
Il y a des piles de vêtements en vrac un peu partout. Jennifer est allongée sur son lit, ses inévitables écouteurs sur les oreilles. Elle écrit dans son journal intime.
16 novembre 2015
Je crois que Jean avait raison. Avec mes copines ou à la maison, e fais ce qu’on attend de moi, je suis la fille de 14 ans que je dois être. Quand je râle ou quand je ris, c’est pareil, il n’y a rien à l’intérieur. J’en ai marre d’être une coquille vide. A partir de maintenant, je vais essayer de montrer qui je suis. C’est facile d’embêter les adultes en jouant les ados, mais je ne suis pas QUE ça.
J’admire ma cousine Noëlle. Elle parle tout le temps de féminisme, et elle est bien contente de faire son intéressante avec ça et de faire chier tout le monde. Mais c’est ce qu’elle pense et ce qu’elle est.
La cousine Anna sourit, comme d’habitude, et nous rentrons à la maison. Je ne sais pas si je suis contente que Jennifer m’admire u vexée parce qu’elle dit que je fais l’intéressante. N’importe quoi.
Notre esprit de Noël national touche Tonton Greg.
- Je pars au travail, chérie ! crie-t-il.
Il ferme la porte d’entrée et entre dans sa voiture, attaché-case à la main. Nous le suivons à pied. Enfin, pour être tout à fait honnête, la cousine Anna le suit à pied à une vitesse surnaturelle, pendant que je m’accroche à sa jupe en essayant de ne pas lâcher ET de garder ma dignité.
Tonton Grégoire se gare quelques rues plus loin et entre dans un bar. Il commande une bière d’un air sombre et sort un papier de sa poche, froissé à force d’être lu et relu, qui porte la mention AVIS DE LICENCIEMENT.
- Il a perdu son travail ? Je ne savais pas.
- Sa femme et ses enfants ne le savent pas non plus, figure-toi. Tiens, regarde, c’est la fin de la journée.
Le décor et la lumière change à une vitesse hallucinante, comme en avance rapide. Tonton Greg sort du bar, remonte dans sa voiture et rentre chez lui. Le temps d’entre à notre tour, et on l’entend déjà se disputer avec ma tante.
- Je fais ce que je peux, moi ! Mais je peux pas tout gérer !
- Je dis pas que tu dois tout gérer, je dis que tu pourrais au moins aller voir la maîtresse ! Les notes de Zoé sont en chute libre !
- Si déjà elle arrêtait de causer à l’ensemble de nos DVD Walt Disney, on n’en serait pas là, alors viens pas m’faire ch…
La porte s’ouvre derrière nous. David vient de rentrer de l’école. Il jette son cartable, se bouche les oreilles et court dans sa chambre. Il reprend sa sacro-sainte Nintendo DS et se met à jouer comme si sa vie en dépendait.
La cousine Anna me ramène au salon, où tout le monde est encore attablé dans l’immobilité la plus complète. J’ai franchement mal au cœur. Elle sourit (surprenant, je ne sais pas comment je dois le prendre) et me fait signe de m’asseoir, puis se ressert un verre de vin.
- Alors ? Tes impressions ?
- C’est raté.
- Pardon ?
Je commence à me sentir énervée, et le trop-plein d’émotions de ces dernières heures n’arrange rien. J’aime bien cette espèce de Sainte-Hippie-des-Batignolles, mais ça ne lui donne pas le droit d’essayer de me manipuler.
- Vous êtes l’esprit de Noël ! Vous vouliez me montrer la véritable nature de ma famille, me prouver que ce ne sont pas que des stéréotypes ambulants. Et ensuite, comme dans tout bon conte de Noël dégoulinant de bons sentiments par essence, j’aurais reconnu mes torts avec gratitude. Et merci de m’avoir montré que les gens de ma famille sont en fait absolument merveilleux, j’étais trop conne pour m’en rendre compte ! J’étais égoïste et je faisais mon intéressante, mais me voilà altruiste ! Je rendrai toujours hommage à Noël, ma fête préférée de tous les temps désormais, oh oui !
- Tu devrais respirer, me conseille aimablement la cousine Anna.
- Donc non, c’est raté. Je suis toujours féministe et résolue à le clamer face à notre stupide société patriarcale. Je trouve toujours que David devrait lâcher sa console, que Nora ressemble à un lapin myxomatosé et que Jules est un crétin prétentieux. Et Tonton Grégoire votait FN bien avant d’être licencié !
- Certes, mais je n’ai rien raté. Tu te trompes sur mes intentions, jeune fille.
O.K. D’accord. Je vais essayer de prendre sur moi, le temps d’écouter ce qu’elle a à dire, et je continuerai à râler après.
- Nos petits voyages t’ont permis de voir différemment ta famille. Et réfléchir sur les gens et ce qu’ils sont est une bonne chose, n’est-ce pas ? Ca ne te force absolument pas à changer, ni à les aimer. Mon « but » comme tu dis, était de te donner un autre point de vue. Et de te montrer que Noël, que tu as le droit de ne pas aimer, ne se limite pas toujours à un ennuyeux repas de famille. Rien de plus.
Allez, Noëlle. Inspire par le nez et réfléchis deux minutes.
- Donc, vous ne pensez pas qu’il faut aimer tout le monde, y compris les cons, parce qu’en réalité ce sont des gens qui souffrent d’une profonde blessure intérieure ?
- Non. Parfois les cons sont juste des cons. Mais à mon avis, on gagne toujours à s’intéresser aux gens.
Bon. Je me sens moins en colère, et je crois que j’ai compris ce qu’elle a voulu faire. Si c’est ça, ça me va.
- Alors, c’est d’accord. Je vous aime bien et j’aime bien ce Noël, enfin pour un Noël. N’allez pas croire, je pense toujours que cette fête est un concentré d’hypocrisie et de consumérisme, sans même parler du sexisme monumental des catalogues de jouets.
Elle sourit encore.
- C’est vrai que c’est absolument scandaleux.
Je la regarde. Elle va me manquer, à Noël prochain… Prise d’une inspiration subite, je lance :
- J’ai une dernière question.
- Je t’en prie.
- J’ai eu ma dose de voyages dans le temps. Mais je préfère les repas de famille avec la tante Anna que sans. Vous pourriez revenir sans votre Pensine ?
Elle sourit, d’un sourire un peu tremblant cette fois. Elle a l’air émue. Je ne sais pas trop ce qui m’a pris, mais à mon avis c’est une bonne idée.
- Je ne suis l’esprit que de ce Noël, alors j’aurais du temps libre ces cent prochaines années. C’est d’accord. Je viendrais à vos repas de famille en tant que hippie végétarienne transgenre, et on papotera. Entendu ?
- Entendu !
Elle me fait un clin d’œil. L’horloge repart, et le reste de la famille se remet à manger, bouger, se disputer exactement comme avant, comme toujours.
Et ce Noël continue, comme toutes ces fêtes qui portent mon nom, avec son lot habituel de cadeaux, de disputes, d’hypocrisie et de caprices.
Sauf qu’il y a une hippie végétarienne transgenre à table.
Sauf qu’au pied du sapin, je trouve un exemplaire d’Oliver Twist, et un petit mot :
Inutile de t’offrir ses Contes, ils « dégoulinent de bons sentiments par essence ». En revanche, la satire sociale que M. Dickens met en place dans ce roman devrait te plaire. Il n’aimait pas non plus le consumérisme, ou du moins son équivalent victorien. Et puis zut, tant pis, je ne peux pas m’en empêcher : je te souhaite un « Joyeux Noël, et paix aux hommes de bonne volonté ! »
Je me tourne vers la cousine Anna. Elle me sourit, je lui souris. Nous nous regardons, et toutes les deux, nous savons à quoi nous pensons.
Voilà ! J'en reposte très vite, promis !
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Sinead- Apprenti Nomade
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Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Voici deux poèmes qui n'ont pas été écrits en même temps mais qui vont ensemble !
- Spoiler:
- L’homme qui dort
Un homme dort bercé par les rails
Et son corps s’abandonne aux secousses
Il n’ouvre pas les yeux ni ne bâille
Allongé sur sa banquette de mousse
Ses chaussures sont posées par terre
Son gilet est roulé sous sa tête
Il a croisé les bras et les serre
Sur une veste de cuir couverte
La fille écrit en face de lui
Il ignore qu’elle le décrit
Dans un carnet de vers tout rempli.
Un homme dort, si profondément
Dans un morceau de grâce touchant
Le voilà redevenu enfant
- Spoiler:
- L’ombre du mort
L’ombre du mort volait encore
Accrochée à des lambeaux de papier
Au lit, aux vêtements, aux peaux aimées
Que déjà la maison était vendue
L’héritage envolé dilapidé perdu
Ses idéaux ses pensées ses actes raillés
L’enterrement expédié, les plats avalés
Il ne reste rien de lui
Aucune idée aucune existence aucun sens
Il est parti à jamais
Dévoré par des vers innocents affamés
Il ne reste rien de lui
Il a sombré dans l’oubli
Mais toute seule subsiste
La lourde empreinte de son corps
Creusée dans la vide banquette triste
Sinead- Apprenti Nomade
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Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Eeey! ![Smile](https://2img.net/i/fa/i/smiles/icon_smile.gif)
Choupis (c'est vraiment pas le mot juste XD disons jolis?) tes poèmes. On sent qu'il y a quelque chose à en faire. Ceci dit, si tu me permets, j'ai peut-être une ou deux remarques. ^^
(et, sans attendre ta permission, les voilà :p)
Pour le premier poème: le dernier vers de ton premier quatrain fait dix pieds: "a-llon-gé sur sa ban-quet-te de mousse. C'est un peu dommage, ça casse le rythme.
Et personnellement, je trouve les vers en neuf pieds bien plus difficiles à rythmer. (mais c'est un avis personnel plus qu'une vraie remarque XD)
De même, le rythme du second poème est un peu déroutant.
Je crois que c'est la grande difficulté des vers, il faut ajouter à toutes les autres exigences celle du rythme (quoi qu'il faut toujours rythmer un texte mais c'est très particulier en poésie à mon sens).
Enfin voilà.
À mon avis tu peux gagner en puissance rythmiquement et peut-être aussi dans le choix de ton vocabulaire (celui que tu emploies est très simple, peut-être pour l'exigence de forme, mais du coup plus flou, il passe moins de choses), mais tu es déjà très agréable à lire!
Au plaisir d'en voir plus!![Wink](https://2img.net/i/fa/i/smiles/icon_wink.gif)
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Choupis (c'est vraiment pas le mot juste XD disons jolis?) tes poèmes. On sent qu'il y a quelque chose à en faire. Ceci dit, si tu me permets, j'ai peut-être une ou deux remarques. ^^
(et, sans attendre ta permission, les voilà :p)
Pour le premier poème: le dernier vers de ton premier quatrain fait dix pieds: "a-llon-gé sur sa ban-quet-te de mousse. C'est un peu dommage, ça casse le rythme.
Et personnellement, je trouve les vers en neuf pieds bien plus difficiles à rythmer. (mais c'est un avis personnel plus qu'une vraie remarque XD)
De même, le rythme du second poème est un peu déroutant.
Je crois que c'est la grande difficulté des vers, il faut ajouter à toutes les autres exigences celle du rythme (quoi qu'il faut toujours rythmer un texte mais c'est très particulier en poésie à mon sens).
Enfin voilà.
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À mon avis tu peux gagner en puissance rythmiquement et peut-être aussi dans le choix de ton vocabulaire (celui que tu emploies est très simple, peut-être pour l'exigence de forme, mais du coup plus flou, il passe moins de choses), mais tu es déjà très agréable à lire!
Au plaisir d'en voir plus!
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Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Il m'arrive de faire la même chose, le but est de faire une sorte de synérèse de l'extrême, et tu comptes :Yzanelle a écrit:Pour le premier poème: le dernier vers de ton premier quatrain fait dix pieds: "a-llon-gé sur sa ban-quet-te de mousse. C'est un peu dommage, ça casse le rythme.
"Al-lon-gé sur sa ban-quette de mousse"
Parfois appuyer le E à la fin d'un mot peut sembler disgracieux...
Après c'est mon point de vue !
Bravo en tout cas !
Le plus important dans la vie d'un poème est le plaisir qu'il procure.
Llewella- Crise du seuil
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Localisation : Dans une Ombre perdue
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Oui, je ne sais pas trop ce que j'ai fichu pour ce vers de 10 pieds, je crois que je n'arrivais pas à le réduire à 9 ... Je l'ai écrit il y a environ un an, ça ne me choque plus ! Mais remplaçons-le par :
"Allongé sur son long banc de mousse"
(je n'édite pas parce que ce serait malhonnête, mais dorénavant c'est la version officielle !)
Pour le vers de neuf ieds (qu'on appelle ennéasyllabe !), moi je l'aime bien, il est assez long pour dire des trucs mais pas trop quand même. En plus Verlaine vante ses mérites dans son Art Poétique. Pour la difficulté à l'utiliser, c'est comme tout, ça dépend de l'entraînement, plus on l'utilise et plus c'est facile, et plus on l'utilise bien. Et bien sûr c'est totalement subjectif ! Quand je me suis rendue compte que tous les poèmes venaient naturellement dans ce vers, je me suis exercée régulièrement à l'alexandrin, puis à l'octo et au décasyllabe, que du coup j'arrive à maîtriser et à aimer (je parlerais de cet entraînement spécial bientôt, promis), mais mon vers préféré "à écrire" reste l'ennéa ("à lire", je n'ai pas de vers préférés, seulement des auteurs !)
Merci pour tes remarques en tout cas ! Et je prends bonne note pour le vocabulaire simple, à mon avis c'est un pendant de mon gros défaut en poésie (à mon sens), j'essaye toujours de raconter une histoire. J'y travaille mais j'ai du mal à m'en empêcher.
Llewella : bien essayé le coup de la synérèse de l'extrême ! Mais on n'a pas le droit... La diérèse et la synérèse (oui, je suis en 2ème année dans une formation de lettres et je ne me rappelle toujours pas laquelle est laquelle, laissez-moi), c'est si tu vas dire vi-o-lon ou vio-lon. Si tu appuies le -e ou pas, ça dépend de s'il est suivi d'une consonne, d'une voyelle, s'il est en fin de vers ou si c'est une exception, et c'est très codifié ! En l'occurence, c'est un situation classique du -e quivi d'une consonne donc... on doit le prononcer.
"Allongé sur son long banc de mousse"
(je n'édite pas parce que ce serait malhonnête, mais dorénavant c'est la version officielle !)
Pour le vers de neuf ieds (qu'on appelle ennéasyllabe !), moi je l'aime bien, il est assez long pour dire des trucs mais pas trop quand même. En plus Verlaine vante ses mérites dans son Art Poétique. Pour la difficulté à l'utiliser, c'est comme tout, ça dépend de l'entraînement, plus on l'utilise et plus c'est facile, et plus on l'utilise bien. Et bien sûr c'est totalement subjectif ! Quand je me suis rendue compte que tous les poèmes venaient naturellement dans ce vers, je me suis exercée régulièrement à l'alexandrin, puis à l'octo et au décasyllabe, que du coup j'arrive à maîtriser et à aimer (je parlerais de cet entraînement spécial bientôt, promis), mais mon vers préféré "à écrire" reste l'ennéa ("à lire", je n'ai pas de vers préférés, seulement des auteurs !)
Merci pour tes remarques en tout cas ! Et je prends bonne note pour le vocabulaire simple, à mon avis c'est un pendant de mon gros défaut en poésie (à mon sens), j'essaye toujours de raconter une histoire. J'y travaille mais j'ai du mal à m'en empêcher.
Llewella : bien essayé le coup de la synérèse de l'extrême ! Mais on n'a pas le droit... La diérèse et la synérèse (oui, je suis en 2ème année dans une formation de lettres et je ne me rappelle toujours pas laquelle est laquelle, laissez-moi), c'est si tu vas dire vi-o-lon ou vio-lon. Si tu appuies le -e ou pas, ça dépend de s'il est suivi d'une consonne, d'une voyelle, s'il est en fin de vers ou si c'est une exception, et c'est très codifié ! En l'occurence, c'est un situation classique du -e quivi d'une consonne donc... on doit le prononcer.
Sinead- Apprenti Nomade
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Messages : 170
Date d'inscription : 23/04/2014
Age : 26
Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Désolé je sais que je réagis un peu tardivement mais j'avais commencé à lire ta nouvelle sur Noël mais j'ai était coupée et j'ai oublié de reprendre donc... Quelle magnifique nouvelle ! Elle nous fait vraiment réfléchir sur nous même, sur les autres mais surtout sur le regard qu'on a sur les gens, particulièrement sur notre famille, amis.
Lupia- Apprenti Nomade
-
Messages : 194
Date d'inscription : 07/12/2014
Age : 23
Localisation : En route vers le bout du monde...
Re: Un carnet. Un stylo. Quelqu'un à qui écrire. La plus grande liberté au monde !
Ca sent le renfermé par ici... Merci à toi Lupia, je n'avais pas vu ton message ! Je vais bientôt commencer à plancher sur mon conte de Noël de cette année (oui, je vais en refaire un, alors que j'aimerais continuer à travailler régulièrement sur mon roman qui est bien plus gros !!).
J'ai bien envie de réutiliser le personnage de Noëlle. Je trouve cette fille très cool. Et j'aimerais intégrer un Père Noël pirate. C'est Noël, on n'est pas là pour s'ennuyer !
J'ai bien envie de réutiliser le personnage de Noëlle. Je trouve cette fille très cool. Et j'aimerais intégrer un Père Noël pirate. C'est Noël, on n'est pas là pour s'ennuyer !
Sinead- Apprenti Nomade
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Messages : 170
Date d'inscription : 23/04/2014
Age : 26
Localisation : Vous n'imaginez pas à quel point c'est paumé.
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